Tortion des sens sous une belle enveloppe

En tant que grand admirateur des films de Bergman, j'ose le dire: ce film est tordu.

Ce qui frappe d'entrée est la splendeur des images, la force des tonalités. Voir les draps ultra-blancs qui volent au vent sous des nuages gris.

Le problème n'est pas là. Le problème est que le message est tordu. Ce film réalisé par un non-croyant qui n'a rien compris de ce qu'est la foi. Il met le mot "Dieu" dans une ligne de dialogue sur deux sans en comprendre le sens. Pour lui, les croyants passent-ils leur temps à penser et parler Dieu? Dreyer est-il bête ou est-il mauvais?

Ce film — considéré comme un chef d'œuvre, par qui ne sait pas sentir le message profond d'un film, et comme une réflexion sur le christianisme, que Dieu aie pitié de lui — s'amuse avec ses personnages comme un Tarantino qui casse tout. Ici, les personnages disent Dieu toutes les phrases, ils regardent dans le vide d'un air extasié ou endormi, ou les deux à la fois. Les dialogues sont indigeants, répétitifs, vides.

Le gens se querellent pour des raisons inconnues, vrai Dieu, faux Dieu, bonne ou mauvaise foi?

Vers la fin, la mère accouche, le bébé ne survit pas, la femme non-plus. Mais deux jours plus tard, le frangin débile qui se prend pour Jésus leur demande s'ils ont pensé à demander à ce qu'elle revive... What? Depuis quand faire revivre un corps froid et dur fait partie de la foi? Il leur dit qu'elle doit pourrir parce que le monde et pourri... WWhaat? Il ordonne, si-si, il ordonne à Dieu de la faire revenir à la vie, telle une femme-zombie comme dans les films de Romero. Et devinez? Elle revit! WWWWHAAAAAAAAT!!!???? Ce type, ou le scénariste, est fou.

Rien dans toute cette histoire ne tient la route moralement parlant. Tout au contraire de Bergman, qui même quand un drame terrible arrive, la lumière de la vie transparait à travers, nous fait sentir la douleur et la force, la nuit et la lumière, sans jamais perdre de vue la lumière. Voir «La Source» qui est lui un authentique chef d'œuvre. Les films de Bergman élèvent l'âme. Dreyer nous vend une image caricaturale de la foi, de la vie.

Dreyer, sait filmer, d'accord. Bien que ses plans soient très géométriques, au point d'être bloqués et froids. La ligne de sa caméra est quasiment toujours parfaitement horizontale, un peu comme du Wes Anderson. Ce qui rend les lignes verticales parfaites. Mais c'est figé. Regardez Bergman. Il ose les plongées, les contre-plongées, les profondeurs entre premiers et seconds plans, quand l'histoire le demande. Dreyer était un peu le Michael Bay de son temps, car il appliquait une méthode visuelle très belle mais dans tous ses plans, presque sans distinction.

Ce film est certainement la cause de la réputation caricaturale des films nordiques en noir& blanc que l'on attribue faussement à Bergman. Voir le fameux sketch des Inconnus, "Cinéma, cinémas (thereza)". Dreyer est donc doublement fautif. Sa crasse a éclaboussé son maître. Honte à lui.

Ce film est affreux, vraiment. Sachez voir avec le cœur autant qu'avec les yeux, sinon vous prendrez des vessies pour des lanternes. A voir les notes de ce film, beaucoup se sont laissés avoir.

EddyJuillerat
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le 17 avr. 2024

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Eddy Juillerat

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