La piel que habito par Critique-film
La Piel que Habito est l'adaptation du polar Mygale de l'auteur français Thierry Jonquet. Le film fut présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2011. L'intrigue du film tourne autour du docteur Robert Ledgard et de son désir de vengeance (il veut se venger de l'homme qui a violé son enfant). Mais à cela s'ajoutent des éléments étranges, comme la séquestration d'une femme qui reste longtemps énigmatique. Le suspens est donc omniprésent et Almodovar joue avec le spectateur en le mettant sur de fausses pistes. Au fur et à mesure, les personnages se dévoilent et les rôles deviennent moins évidents : qui se venge, qui est victime... Almodovar met en avant l'action et efface la tragédie, ses personnages ne se lamentent jamais mais préfèrent régler leurs comptes... et c'est rondement bien mené. Almodovar qui semblait être arrivé au bout de ses mélodrames change de style et trouve un nouveau souffle au bon moment car il faut bien avouer que ses derniers films commençaient sérieusement à tourner en rond.
Au-delà du scénario déjà très travaillé, Almodovar propose une réalisation imaginative. La narration de La Piel que Habito est toujours juste, on ne s'ennuie jamais. Tous les dialogues et scènes annexes ont été coupés pour ne laisser qu'un film vif et efficace. On retrouvera de-ci de-là des références à Hitchcock (surtout dans la gestion du suspens) dont Almodovar se dit être un grand fan. La trame s'articule autour d'un twist improbable qui change la donne et bouleverse l'intrigue. La patte du metteur en scène est immédiatement visible et sa maîtrise du film noir au suspens intense est époustouflante (pourquoi n'en a-t-il pas fait plus tôt ?). La photographie est toujours magnifique de même que la bande originale signée par Alberto Iglesias.
On a plaisir à retrouver Antonio Banderas hors de ses rôles patauds qu'il nous propose depuis trop longtemps dans les films hollywoodiens. Ici il semble trouver un second souffle dans la peau du docteur Robert Ledgard, aux cotés du réalisateur qui l'avait lancé. Avec lui Marisa Paredes et la magnifique Elena Anaya interprètent des personnages profonds qui nous réservent bien des surprises. Almodovar prouve une fois de plus qu'il sait parfaitement diriger ses comédiens.
Bilan : La Piel que Habito signe le renouveau de Pedro Almodovar. Fini les mélodrames et place au thriller psychologique noir et au suspens omniprésent. Avec en plus un Antonio Banderas qui revient des méandres d'Hollywood et une magnifique Elena Anaya, La Piel que habito est un petit bijou du cinéma espagnol.
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