Tellement de qualités que je ne sais vraiment pas par quoi commencer. Le film débute une dizaine d'années après le premier opus et met en scène la tribu de singes fondée par César. Alors, ma réaction à la fin des 5 premières minutes était quelque chose du genre "Oh non, on va simplement suivre des animaux qui tendent vers plus d'humanité et qui se touchent les mains en signant sans arrêt". Fourberie que l'intro du film !
Effectivement, suite à cette exposition très calme, ce Dawn of the Planet of the Apes se met à tenir absolument toutes ses promesses. Quand il doit iconiser un singe pour le rendre charismatique, ça donne César : Nu, moins grand qu'un humain et en images de synthèse, et pourtant on ne remarque que lui. Idem pour Koba qui devient très rapidement un personnage intéressant et inquiétant (alors que c'est un singe !).
Pour rendre compte de la tension entre les humains et les primates, le film s'en sort à merveille, mettant en scène les relations houleuses entre les races qui, exception faite de leurs leader n'attendent que la guerre. D'ailleurs, parlons "leader", Jason Clarke avec son visage ingrat et ses frisottis est un choix casting particulièrement risqué mais il tient largement la route et apporte à l'ensemble quelque chose de "vrai" et d’authentique à l'oeuvre. Il faut aussi signaler que les personnages sont très bien écrits : Faisant tous état d'une certaine dualité entre le besoin de violence et le profond désir de paix... Bref.
Comme je le disais avant de m'égarer un peu, le film tient tous ces engagements. Quand il doit mettre en place un tension palpable, il le fait. Quand il doit faire évoluer le dialogue et les interactions entre les deux espèces, il le fait sans mal et quand il doit tout faire péter parce que c'est un blockbuster, il le fait avec brio.
Ce qui m'a le plus marqué dans le film, c'est la manière qu'il a de désamorcer certains clichés et autres scènes trop vues au cinéma. On a là des chefs humains qui peinent franchement à se faire entendre, un enjeu beaucoup plus complexe que "sauver le monde" (la Paix !) et certaines situations éculées qui ont des conclusions surprenantes. Et puis il y a l'ambiance sonore : De la folie ! Bon, les musiques sont biens mais surtout, cet espèce de travail sur les singes... Lorsqu'on les suit dans leur habitat, il y a ces cris animaux, bestiaux accompagnés d'hurlements rauques en langage humain qui nous donnent presque envie de partir en courant, renforcé par le travail vocal de tous les doubleurs de singes qui feront passer n'importe quel chanteur de Death Metal pour une fillette abandonnée par sa maman dans un magasin de bonbons roses. C'est cohérent, organique et assez terrifiant.
Pour conclure, j'ose le dire : Ce film est du même niveau que Les Fils de l'Homme. Mise en scène multiple qui progresse vers le chaos, personnages travaillés, discours pertinent sur la guerre et notre bestialité, jeux d'acteurs, plans séquences dantesques, dominance du gris à l'image et décors sublimes faits mains. Un film original aussi beau que violent qui me laisse à rêver pour sa suite et l'avenir en général du cinéma mainstream.