Je sais pas vous mais, en fait, j'aime bien les singes (en tout bien tout honneur cela dit). En règle générale d'ailleurs je ne suis pas fou d'animaux, mais pour le coup, j'admets que Rupert Wyatt m'épate un peu. Mieux, je dirais qu'il ma fait un peu rêver. Je reconnais cependant quelques défaut à ce film, je m'en reconnais aussi quelques uns. Par exemple, je suis plutôt bon publique et par extension, le fait que le scénario puisse paraître un peu "bateau" à certains, ne m'a pas autant marqué. Je dirais plutôt qu'on se retrouve dans un schéma scénaristique classique, mais que ce n'est pas là que repose l'originalité de la trame principale.


Non, pour moi ce qui change la donne c'est que l'on voit quasiment l'intégralité du film à travers les yeux de César (Andy Serkis). C'est un moyen simple, mais efficace, de relancer la thématique chère à Pierre Boule et les questions qu'elle soulève. Le film de Wyatt fonctionne en partie sur le même schéma que celui de Schaffner, dans le sens où le personnage principal se retrouve confronté à un monde qui lui est étranger et où son espèce est opprimée d'une manière ou d'une autre. Mais à la place du Colonel Taylor se tient César, un jeune singe dont les péripéties bouleverseront le monde tel que nous le connaissons.


J'ajouterais un dernier point sur le sujet, un point d'intérêt purement narratif : César étant un animal élevé en captivité, il est apatride. La seule vision qu'il a du monde des hommes, c'est ce qu'il aperçoit à travers les fenêtres de la maison de Will (James Franco). Cet élément permet de renouveler quelque peu la perspective présentée au spectateur et la complexifie du même coup. César connait très mal le monde des humains, au même titre que celui des membres de son espèce. Chaque fois qu'il apprend quelque chose sur un monde ou sur l'autre, on voit que c'est source d'émerveillement et de tensions chez lui, mais surtout de déception. Cet aspect du film de Wyatt, permet au réalisateur de faire montre d'originalité dans le traitement de son sujet, et cela se voit surtout dans les petits détails. La gestuelle d'Andy Serkis y est pour beaucoup, mais elle n'est pas seule en cause.


En bref, le fait d'inverser le point de vue narratif d'origine permet de donner un second souffle à la franchise et à éviter de tomber dans la facilité la plus obséquieuse. Le scénario demeure classique, un singe génétiquement modifié va prendre le dessus sur ses oppresseurs. Le scénario et son dénouement sont donc convenus, mais demeurent intéressants grâce à la façon dont Wyatt les exploite. Il suffit simplement d'accepter l'univers qui nous est présenté. Personnellement je ne trouve rien à redire de ce côté là.


Je trouvais même plutôt chouette qu'on ne s'attarde pas trop sur la relation qu'entretien Will avec sa petite amie (Freida Pinto), par ce que très honnêtement, on s'en fout. Le personnage nous est certes présenté, mais on ne la voit pratiquement pas et n'a d'autre but que de planter le décor, de montrer le genre de choix (classique lui aussi) que Will devra effectuer. Préserver sa vie de famille avec ses congénères ou garder César sous son aile. Encore une fois, rien à dire de ce côté là. La narration se focalisant bien plus sur la relation qu'entretient Will avec César et avec son père (John Lithgow), ainsi que sur la perception qu'a César du monde qui l'entoure. De ce fait, Wyatt ne tombe pas dans les clichés auxquels nous sommes malheureusement habitués.


MAIS! Haha, oui, il y a un "MAIS", et c'est bien dommage d'ailleurs par ce qu'il est de taille. (Pardon je m'emporte mais il y a de quoi). "Mais" il existe un trou béant dans le scénario. Non, non, non...une faille abyssale même. Bon là si vous n'avez pas vu le film, je vous invite cordialement à sauter ces quelques lignes (SPOILER) :


Au moment au César est séparé de Will, et qu'il a enfin trouvé sa place au sein de sa nouvelle famille, Will a une idée sublime ! Ah si si je vous jure, fallait y penser tout de même. Il décide de corrompre le geôlier de César afin de libérer ce dernier. Il est malin ce Will quand même, j'y aurais pas pensé une heure avant moi. Encore que, ça m'était peut être passé par la tête, comme ça, à la volée. Je sais pas moi, mais quand je vois un mec qui est capable de rendre les singes plus futés que les forces de l'ordre du coin, j'ai plus tendance à me dire qu'il est pas trop débile et pas trop mal payé.
Non mais vraiment, il a dû lui filer à peine quatre cents dollars en plus, même pas le prix d'un Ipad... Du coup le pauvre César a dû se farcir (puis occir) un Drago Malefoy (Tom Felton) plus méchant et plus pathétique qu'à l'accoutumé; ce dernier ayant troqué sa "baguette magique" pour une matraque électrique. Enfin bon, passons...


Pour finir, j'ajouterai que même si il est vrai qu'il un est peu facile de se reposer sur la qualité visuelle d'une œuvre pour la défendre, l'animation présentée ici est vraiment très réussie; à l'exception de quelques gros plans en début de film, lors de la croissance de César. Mais pour quelqu'un qui n'est pas fan de CGI, je dois avouer que la traversée du pont en fin de film, ainsi que les scènes dans la "fosse aux singes," ont bien la classe. Enfin, ça en jette un peu quoi.


En définitive, voici un bon petit reboot qui vaut le détour. Je vous conseille également le second volet, qui est légèrement moins bon cela dit, mais qui ne vous décevra pas si tenté que le premier vous plaise.

Erkher
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le 31 juil. 2014

Modifiée

le 31 juil. 2014

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Erkher

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