Un vieux singe en hivers : le moment où on se dit que c'était mieux avant

De l'art d'habiller les petits enjeux avec les grands mots, Suprématie, ultime opus de la saga de La Planète des singes (élégamment présentée en 2011 avant de devenir un blockbuster gras et cliché en 2014), cultive l'art de décevoir dès qu'il se met à explorer son univers, toujours présenté à une échelle inférieure des enjeux qu'il promet. Suprématie, les singes vont donc dominer la planète... Non en fait, on voit une tribu de singe sur l'étendue d'une réserve naturelle, et un camp de guerrilleros. Qu'elle est belle ma suprématie ! Tu me referais USA Invasion : terrorist nightmare pour te concentrer sur un quartier de New York avec une émeute raciale qui dégénère que le résultat serait similaire. Constamment, le résultat à l'écran est en dessous des promesses données. C'est d'autant plus cruellement vrai avec le méchant interprété par Woody Harrelson, un acteur excellent qui ici fait croire qu'il est très dur avec sa petite croix de catho intégriste (bouh ! bouh ! c'est mal d'être intégriste ! Et encore plus d'être catho !) pour finir d'une façon tellement pathétique que j'en ai lâché un cri de dépit et d'impuissance. Vraiment, la race des hommes est sensée s'éteindre ainsi ? Faut il que les scénaristes soient aussi décérébrés dans leur fascisme intégriste pour tenter de nous faire croire qu'il y a une quelconque objectivité de récit ? Ne serait-ce qu'un amour de ses personnages et une envie de les développer ? Rien, que dalle ! La conquête de la planète des singes (disons le, le meilleur de la saga) n'était même pas aussi manichéen et primaire dans son exposition de l'esclavagisme moderne, un brin dictatorial. Alors ici, un chauve qui se rappelle d'Apocalypse Now et ses hommes qui crient Sieg Heil, franchement, vous avez recyclés l'équipe de l'épisode VII ?


Plusieurs grosses arnaques par ci par là (les trous d'un sol qui ne s'effondre pas, les réservoirs d'essence placés là où il faut pour faire tomber la base en 30 secondes, l'avalanche qui évite un combat impossible à gagner...), mais on peut trouver quelques petites compensations, notamment grâce au soin apporté par le cadre naturel et de jolis éclairages, ainsi que par les singes numériques toujours aussi bien faits. On ne parle plus du langage des signes, il n'est plus ici qu'un gadget hérité du premier, qui n'a plus le moindre sens. On devra se contenter d'un petit camp de travail pour singes et d'un meneur (César en victime christique (gag volontaire faisant écho au soit disant fanatisme des humains)) hanté par la tâche qu'on plantait dans l'opus précédent comme un double maléfique un peu dictateur (le singe koba, son "make them pay !" et son haleine fétide) pour tenter de se raccrocher aux branches. Le résultat finalement n'ennuie pas trop, mais demeure tellement plat et prévisible qu'on baille régulièrement en attendant un rebondissement. Après un face à face aussi médiocre entre César et Woody, on n'espère plus que cela se termine vite, et malgré quelques jolies scènes d'action, on préfère se concentrer sur les cacahouètes qu'on mange que sur le film qu'on a payé pour voir. Une très grosse déception pour ce qui était sensé être de la SF grand public de qualité, et finalement une banale histoire de vengeance dans une forêt canadienne sans Di Caprio qui fait la grimace. Triste.

Voracinéphile
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le 25 juil. 2017

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