Voir le film

Ceux qui réussissent leur concept, ceux qui échouent, et ceux qui se cassent la gueule

Au vue du concept, de la bande-annonce, et du fait que ce soit un film d'horreur espagnol, je me suis dit : pourquoi pas.
Et comme beaucoup de film high concept, ça ne marche pas forcément, et ça ne va pas plus loin que son concept, j'ai même l'impression qu'il n'est pas bien utilisé.


Le film raconte donc les mésaventures des habitants d'une très grande tour, où une plateforme - remplit de bons plats - nourrit tour à tour chaque étage. Bien entendu, l'enjeu va concerner les étages inférieurs, qui ont de moins en moins de choses à se mettre sous la dent, voir seulement la peau sur les os pour remplir leur ventre. Clairement, le film critique la théorie du ruissellement, qui dit que plus les riches sont riches, plus les pauvres vont biens (c'est évident). Ainsi, on assiste à une expérience sociale qui viseraient à montrer qu'il suffit de donner dans un premier temps assez à manger pour tous en haut, comprenez les plus riches, pour faire ruisseler la nourriture au plus bas, les plus pauvres. Ce qui ne marche pas très bien. Jusque là, la critique tient la route, comme l'annonce la première réplique du film : il y a trois types de personnes, ceux d'en haut, ceux d'en bas, et ceux qui tombent. En effet, la gravité étant telle qu'il est plus facile d'aller en bas que haut (vous pouvez tester l'expérience avec une simple pomme, lâchez là et vous verrez), c'est la même chose que l'échelle sociale, plus facile à descendre qu'à monter. Et alors un problème surgit (peut-être est-ce moi qui n'ai pas bien compris le film ?). Chaque mois, les détenus changent d'étages, quelqu'un d'en bas peut se retrouver en haut. Ce n'est alors pas vraiment la même chose, si on alternait chaque mois entre riche et pauvre la misère sociale ne serait peut-être pas la même. On ne va pas critiquer quelqu'un de manger plus qu'une portion normale quand il arrive à un étage élevé si il a auparavant jeûner des semaines durant. Il faudrait donc laisser les riches tranquilles parce qu'ils ne pouvaient s'acheter de Rolex pendant des années ? Les pauvres n'ont qu'à changer d'étage, et puis c'est de la faute de personne hein, c'est le hasard. On peut peut-être comprendre le film plutôt comme une critique d'un système inégalitaire que comme une critique d'une classe sociale en particulier, puisque ici, un individu en particulier n'est ni riche ni pauvre, il est soit en bas soit en haut.


Bon, pour résumer, le concept ne marche pas trop à mes yeux, malgré tout le film reste divertissant, les mystères sont, malheureusement, vite écartés pour laisser place, heureusement, au sang, tout n'est pas très cohérent (on ne voit personne remonter en restant sur la plateforme, est-ce par peur de descendre plus bas ? aussi vu le nombre de détenus, ils n'ont pas du tous avoir droit à leur plat préféré à la carte), et la fin ouverte n'est pas très satisfaisante :


bon ok, la gamine peut vouloir dire l'avenir, une jeunesse qui réussit à se hisser, ou comme je l'ai vu sur allociné, ça ne serait qu'un rêve, et ce n'est pas l'enfant qui est monté mais la pana cota. Message qui d'ailleurs n'est pas bien clair, laisser un plat intact pourrait au contraire réconforter l'Administration dans sa théorie du ruissellement, puisque tout le monde, en plus de manger à sa faim, est resté raisonnable.


Regardez ce film si vous aimez les films qui font réfléchir mais pas trop quand même parce que y'a un moment où l'horreur c'est aussi des tripes.

Créée

le 23 mars 2020

Critique lue 806 fois

1 j'aime

Mashy

Écrit par

Critique lue 806 fois

1

D'autres avis sur La Plateforme

La Plateforme
Sergent_Pepper
6

Le festin d’en bas : diète

L’apologue, qui consiste à passer par la fiction pour véhiculer un discours moral, trouve toujours sa force dans la capacité à construire une image. Le recours à l’allégorie, la personnification ou...

le 30 mars 2020

142 j'aime

11

La Plateforme
AlexandreSuberbielle
8

Un robin des bois de la sci-fi

Ce film tombe au bon moment, il y a beaucoup de similitudes avec l'actualité, les prisonniers des premiers étages sont les mêmes personnes qui se jettent sur les supermarchés pour empiler du PQ chez...

le 20 mars 2020

68 j'aime

8

La Plateforme
RaVz
4

Non.

Ce film est une métaphore de la lutte des classes. C'est tout. Le scénario ne va pas plus loin, les personnages n'ont pas d'âmes mais seulement des fonctions, le film n'apporte pas de réponses, ne...

Par

le 22 mars 2020

64 j'aime

42

Du même critique

Jeu d'enfant
Mashy_pilgrim
4

Est-ce qu'un film qui a mal veillit c'est pas un film qui était pourri au départ ?

Bon d'abord je commencerais par répondre à la question dans le titre : non, y'a sans doute beaucoup de contre-exemple, mais là en l’occurrence c'est ce dont j'avais l'impression. Pour résumer mon...

le 18 juin 2020

2 j'aime

5

Terrifier
Mashy_pilgrim
8

Entre Leatherface et Michael Myers, Art le clown, boogeyman romantique

J'ai entendu parler de Terrifier pour la première fois comme beaucoup lors du gros coup de com' de Terrifier 2, partout on a pu lire qu'il serait le film le plus gore, le plus terrifiant. Ca n'est...

le 24 déc. 2022

1 j'aime

La Plateforme
Mashy_pilgrim
6

Ceux qui réussissent leur concept, ceux qui échouent, et ceux qui se cassent la gueule

Au vue du concept, de la bande-annonce, et du fait que ce soit un film d'horreur espagnol, je me suis dit : pourquoi pas. Et comme beaucoup de film high concept, ça ne marche pas forcément, et ça ne...

le 23 mars 2020

1 j'aime