Sept 2009:

Très étrange film. Sa forme apparait d'emblée comme très originale avec des cadrages, des prises de vue dont le montage rapide relève encore plus les caractères innovateurs de l'ensemble. Cela donne une drôle d'impression. D'autant plus que ce montage serré, vif, ne se contente pas d'arracher l'oeil et l'attention du spectateur, il se veut plein de sens, de palliatifs aux carences de communication des personnages, en effaçant les non-dits.

Le film essentiellement centré sur la chair, la vie et la mort dans la nature, permet de profondes réflexions. Et le spectateur de s'interroger, comme les protagonistes confrontés de plein fouet et à leur corps défendant à ces questions de vie et de mort, à ce malaise provenant du choc des civilisations. Le film débute et se clôt sur la mort. Pas n'importe laquelle, celle que se donnent les hommes. Oeuvre profondément pessimiste, la culture et la civilisation paraissent ne pas permettre aux hommes de se confronter à la nature sans heurt, sans fracas. La confrontation à sa propre animalité est néanmoins beaucoup moins perturbante que la découverte de la violence du monde moderne, finalement insensé alors qu'à l'état de nature la violence est une nécessité, une donnée vitale. Il semblerait que la paix des hommes ne soit accessible que dans les zones franches où culture ou nature sont absolument distinctes l'une de l'autre. Au contraire, les zones mal délimitées où les frontières sont difficiles à estimer, sont alors des aires de grand péril et de morbidité. Comme si l'artificiel au contact du naturel devenait malsain. Ce sont dans ces espaces que les suicides ont lieu.

Film rouge, ocre, terre, il est avant tout d'une beauté minérale et qui tarde à se laisser siroter. J'ai mis quelques temps à le digérer pour bien en apprécier la drôle d'amertume. J'ai d'ailleurs bien eu du mal à écrire ces quelques mots. Un film qui m'a laissé sans voix. Une petite curiosité pas si petite que ça en somme. A voir.
Alligator
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le 23 mars 2013

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