La Reine des Neiges
6.1
La Reine des Neiges

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Jennifer Lee (2013)

En 2010, Raiponce permit aux studios Disney de remonter la pente. Eux qui se sont essayés à l’animation sans véritablement tirer leur épingle du jeu (Chicken Little, Volt) ou qui sont revenus aux dessins en 2D mais devant essuyer un échec commercial (La Princesse et la Grenouille). Et pour cause, même si le visuel se montrait moderne et se rapprochait de Pixar (le tout fait par ordinateur), Raiponce avait tout de ce que l’on appelle un « Disney à l’ancienne » : adaptation d’un conte, histoire de princesse, personnages principaux et secondaires inoubliables, chansons rondement menées… En projet depuis bon nombre d’années (les premières rumeurs ayant été lancées en 2001), La Reine des Neiges voit enfin le jour, bien décidé à poursuivre la route toute tracée par Raiponce (et initiée par La Princesse et la Grenouille).

Avec La Reine des Neiges, Disney n’avait pas vraiment le droit à l’erreur, ayant déjà adapté un conte d’Hans Christian Andersen par le passé (La Petite Sirène). Terrain connu donc pour le studio aux grandes oreilles. Et comme il nous l’a montré via quelques dessins animés, être fidèle à l’œuvre d’origine n’est pas l’objectif principal (il n’y a qu’à voir Hercule !). Ici, il n’y à que le titre qui est repris du conte. Sinon, tout le reste n’est qu’invention ! Pas d’héroïne cherchant à retrouver le palais de la Reine des neiges pour y retrouver son ami, garçon au cœur pur devenu espiègle à la suite d’un miroir brisé (des débris ensorcelés s’étant coincés dans l’œil et le cœur du personnage). Pour Disney, il est plutôt question des relations entre deux princesses, dont l’aînée, tout juste nommée reine, doit s’exilée à cause de ses pouvoirs magiques liée à la glace, faisant peur au peuple. Un fait que ne peut accepter sa sœur qui part donc à sa recherche pour la raisonner et mettre fin à l’insoutenable hiver qui fait des ravages dans le royaume. En effet, nous sommes bien loin du conte d’Andersen !

Mais en créant sa propre histoire, Disney arrive à allier deux concepts : flirter avec le dessin animé de princesse à l’ancienne tout en livrant un divertissement non moins féérique qui évite contourne les clichés du genre. Plus précisément, La Reine des Neiges parle de royaume, de princesses, de prince charmant, de sorcellerie. Mais sans toutefois leur accorder leur rôle habituel. Dans ce long-métrage, ce qui importe n’est pas l’amour entre une jeune fille et un beau garçon, mais plutôt celui qui lie deux sœurs. Et à partir de ce postulat, l’univers Disney s’ouvre de nouvelles perspectives : le personnage principale est une héroïne qui n’a jamais froid aux yeux (n’ayant pas besoin d’être constamment secourue), le fameux prince charmant n’est que secondaire et cache son jeu, pas de vilaines sorcières à la Maléfique mais plutôt une reine qui ne contrôle pas ce qui arrive (ne voulant donc aucun mal à qui que ce soit) parce qu’elle laisse de côté ses sentiments (les refoule au plus profond d’elle-même)… Sans toutefois oublié les fameux personnages secondaires comiques (ici, le renne Sven et le bonhomme de neige vivant Olaf), les séquences chantées et un happy end (trop vite expédié, il faut bien le dire) qui sent bon l’incontournable « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

Ce qui faisait peur avec La Reine des Neiges, c’était que le rendu final se rapproche trop de celui de Raiponce. Il n’y avait qu’à voir Sven dans les bandes-annonces, qui faisait penser au cheval Maximus (niveau animation). Ou encore Olaf, un personnage secondaire juste ajouté pour le comique et n’ayant aucun lien avec l’histoire des protagonistes principaux. Tant de petits détails de ce genre qui sont heureusement évités : Sven est Sven et non Maximus, Olaf n’est pas aussi lourd comme on pouvait le craindre et sa présence est expliquée. Même au niveau visuel, La Reine des Neiges se différencie de Raiponce. Si ce dernier se montrait bien plus joli à regarder (beaucoup de précision dans les décors, objets, costumes et personnages), le nouveau-né Disney se montre plus sobre mais non moins agréable pour la rétine : les personnages ont un charisme indéniable, les décors enneigés et glacés sont beaux… Rien à redire !

Mais là où La Reine des Neiges va sans doute marquer les esprits, c’est bien par son côté enchanteur que l’ont avait pas vu depuis des années (à l’époque de La Belle et la Bête). Disney ayant préféré jouer la carte de la comédie (Kuzco, Lilo & Stitch, Chicken Little) ou de la maturité (Atlantide, La Planète au Trésor, Volt). Avec ce film, Disney retrouve sa magie que l’on croyait bel et bien éteinte. Une sensation qui nous revient notamment grâce à ce charme que dégage les paysages enneigés (avec sa bonne dose de poésie), l’histoire des personnages (bien travaillée) et des chansons qui émerveillent (dont Libérée, Délivrée/Let It Go). Comme quoi, pas besoin de scènes spectaculaires pour nous en mettre plein les yeux. Un petit flocon à l’écran et le tour est joué !

Rien à redire sur le casting vocal (français dans notre cas). Chaque personnage ayant, comme d’habitude (malgré certaines exceptions comme Jim de La Planète au Trésor et l’intégralité des protagonistes de Volt), une voix/comédien qui lui va à ravir. Même pour Olaf, dont l’interprétation de Dany Boon laissait envisager le pire.

Un reproche à faire, néanmoins : les chansons. Non pas qu’elles soient oubliables (à part une ou deux, toutes sont magnifiques), étant donné que je vous ai dit le contraire quelques paragraphes plus haut. Ce qui peut déranger, c’est le côté Broadway qu’affiche La Reine des Neiges (en même temps, c’est Robert Lopez, expert en comédies musicales, qui s’est chargé des chansons du film). Proposant au compteur pas loin de 8 séquences chantées, dont les 5 premières s’enchaînent à une vitesse folle (pas le temps de respirer que la prochaine débute aussitôt). Du coup, il ne reste plus grand-chose pour la seconde partie du film, à part les dernières chansons, qui paraissent bien inutiles (celle de Kristoff, d’Olaf et des trolls). Une surdose plutôt mal calibrée, que l’on soit fan de comédies musicales ou non.

Ce qui n’empêche pas La Reine des Neiges d’être le Disney que l’on n’espérait plus revoir ! Il n’y a vraiment qu’une seule chose à dire : continuez sur cette voie car là, nous sommes revenus à l’époque de La Petite Sirène, de La Belle et la Bête et du Roi Lion ! Pour preuve, cela fait des années que l’attente d’un nouveau Disney n’était plus aussi insoutenable.

Créée

le 8 déc. 2013

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