Difficile d'exprimer le ressenti après un tel film. Je dirais tout simplement que c'est une expérience à vivre. J'ajouterais même que ce vécu en particulier importe plus que le film en lui même. C'est donc à mon sens une œuvre à posséder dans son bagage, indépendamment de sa qualité intrinsèque. Et en cela, je crois pouvoir dire sans trop en faire que c'est de l'Art, au sens noble.
Bien entendu, s'agissant d'une adaptation d'un roman, j'imagine que le livre apporte autant sinon plus dans ce domaine. Mais à l'instant ou j'écris ces lignes, je n'ai pas encore eu occasion de feuilleter les écrits de Mr. McCarthy. Cela me donne au moins l'avantage de ne pas être influencé.
Et puis tiens, quitte à parler du roman, autant dire de suite que ceux qui ne l'ont pas lu comme moi (nul n'est parfait) ont trouver dans ce film une motivation supplémentaire (bien que non nécessaire) pour s'exécuter.

Voila, maintenant peut être faut-il parler du film un peu plus en détails.
L'un des piliers de La Route est sans aucun doute son univers pots-apocalyptique et l'ambiance qui en découle. Difficile de retranscrire cela sans utiliser des termes tels que "sombre" "pesant" "déprimant".
Les visuels se font l'écho de cela, notamment par un choix des couleurs (d'ailleurs plutôt bien contrastées lors des flash-back).
Outre ce fait, l'aspect "survivre ou mourir" est lui aussi bien présent. Tout à foutu le camp, le monde semble être divisé entre cannibales, pirates et SDF. Il faut chercher à manger à tout prix et résister au froid.
En somme, tout les ingrédients du genre sont présents et bien que l'on ne voit tout cela que par l'œil des deux protagonistes principaux, c'est plutôt riche et complexe si on creuse un peu à coup d'imagination et réflexion.
Le second point très important qui porte le film c'est évidemment les humains qui survivent dans tout ce bordel. Et notamment le père et son fils. Un grand classique des relations humaines, mais toujours aussi puissant. Ici, l'accent est mis sur la parentalité. Quid d'être père d'un môme en l'an 2027 ?
Le film pose aussi les bonnes questions : c'est quoi un gentil ? c'est qui le vrai méchants ? On va jusqu'où pour sauver sa peau ?
Et c'est bien traité je trouve : pas trop poussif ni trop cliché.
Les acteurs sont aux rendez-vous, mention spéciale à Vigo.
Du bon boulot tout cela, faut le dire.

Maintenant, il manque vraiment quelque chose pour qu'on puisse oser parler de chef d'œuvre (à mon sens - subjectif - évidemment).
Je crois que cela vient en fait d'un manque de crédibilité vis à vis du garçon. Pas anodin : cela empêche de pleinement s'identifier au personnage ou de croire au film. Et pour cause, j'ai beau trouver l'histoire poignante, je n'ai pas été pris au tripes comme je peut l'être devant d'autres films. Outre le fait que c'est surement un ressenti purement personnel, je crois quand même qu'il y a bien un truc qui cloche derrière tout cela.
En y réfléchissant j'en suis venu à la conclusion que le gosse est finalement trop... et bien trop candide, trop jeune justement.
Ce qui est incompréhensible c'est qu'il est née dans ce monde, il y a toujours vécu. Alors pourquoi on a l'impression qu'il sort d'un gentil petit monde plein de bonheur ?
Avec tout ce qu'il a vécu et endurer, tout enfant qu'il soit, moi j'ai l'intime conviction qu'un tel personnage serait sans doute bien plus mature que son âge physique ne le laisse supposer.
Ce qui est dommage ce que ce n'est même pas justifié : le père ne lui raconte pas que c'est un jeu, bien au contraire. Il le confronte aux réalités. Je pense ici à la Vie est belle ou c'est le contraire qui se passe.
Bref, il y a ici une vrai incohérence dans le scenario, dans la construction du personnage et vu l'importance de la chose dans le film, je trouve que c'est un beau gachi. D'autant que ce n'est pas la prestation du garçon qui me semble faire ici défaut (et pourtant je doit dire que j'en viens à être agacé sur la fin).
Dernier petit point (mais qui pour moi fini d'achever le tableau hélas) : la musique ne me semble pas à la hauteur. Moi qui suis un adorateur de BO, je crois pas possible de classer celle là au coté des grandes compositions. Pourtant, sur ce type de film, c'était un point à ne pas négliger je crois.

Conclusion : à vivre, à voir, pas de doute la dessus. Les incontournables du pots-apocalyptique sont au rendez-vous, l'univers est très réussi, l'émotion et l'humain aussi.
Pourtant je ne saurais trop quoi dire, je suis à la fois mitigé et emballé. Disons que je ne peut pas vraiment appliquer ma grille de lecture habituelle. Fort heureusement, je pense que la plupart des gens ne seront pas concerné par cette impression.
Moi je reste déçu non pas du résultat, mais plutôt par le potentiel qui ne n'est pas exprimé : la faute à ce garçon un poil incohérent avec son univers et au support musical un peu faiblard.






Celo
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le 31 mai 2012

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