Dans un quartier de Tokyo, des femmes de plaisir se vendent aux passants, alors qu'au même moment, une loi limitant la prostitution est en passe d'être votée. Ce qui est pour elle une catastrophe absolue, car elles sont déjà dans une situation financière précaire. Le film démarre avec l'arrivée d'une jeune femme, Mickey.
Peu avant de décéder d'une leucémie, Kenji Mizoguchi aura eu le temps de nous laisser ce très beau testament cinématographique, qui fait état d'un univers sur le point de se détruire, avec cinq femmes qui sont à la recherche du moindre client, pas pour leur plaisir, mais pour gagner de l'argent. Ça peut être pour aider un fils, aider quelqu'un à sortir de prison, payer les soins de son mari...).
Il y a quelque chose de juste et de réaliste dans la mise en scène de Mizoguchi, à filmer ainsi le désespoir affectif et social de ces femmes, toutes très bien interprétées, et qui sont au fond soudées, car elles sont toutes à la recherche d'un même but ; se faire de l'argent.
Il y a un moment qui est terrible, et qui est magnifique à la fois ; celui où une des prostituées va revoir son fils, parti apprendre le métier d'électricien, et il a si honte de ce que sa mère est devenue qu'il va quasiment la répudier, ce qui va peu à peu la plonger dans la folie. Je pourrais aussi parler de la dernière scène, on dirait un agneau jeté dans la gueule du loup, mais je laisse la surprise...
Très beau film qui conclut une carrière (a priori) florissante, mais sans pathos ni grossièreté, et surtout où la vulgarité n'est pas de mise. Et rien que pour ça, chapeau !