Le thème du vampire, ça a beaucoup inspiré le cinéma. Tantôt objet d'horreur monstrueux sans âme ni remords, tantôt fantasme romantiquémo pour jeunes filles en fleur, et ceci quand il n'est pas un simple prétexte plus ou moins justifié pour montrer Kate Beckinsale en cuir moulant. De découle ceci, à chaque nouvelle découverte issue de cette "vampixploitation", l'impression d'avoir déjà vu le même film. Difficile de faire original - pourtant c'est le défi de Po-Chih Leong, réalisateur britannico-chinois émérite, réunissant pour son film un casting aussi hétéroclite qu'il attise la curiosité : Jude Law en Dracula des temps modernes, Timothy Spall en inspecteur chevronné, et tout un tas de seconds rôles amusants, de Jack Davenport à Kerry Fox.

Il serait un peu présomptueux de prétendre pouvoir résumer "La Sagesse des crocodiles", pas que le film de Leong soit complexe, mais il ne raconte à proprement dit pas grand chose - pas vraiment d'action en dehors d'une enquête policière à peine développée et d'une fausse-idylle tout aussi superficielle, une mise en scène et un scénario qui ne disent rien - ne cherchez pas une réflexion sur l'immortalité ou l'amour impossible, il n'y en a pas. "La Sagesse des crocodiles" c'est tout simplement un film d'ambiance - expression à réellement prendre au pied de la lettre tant elle semble englober à la fois les enjeux et la forme d'un métrage qui poche autant dans l'esthétique nineties que dans la narration contemplative propres à certains cinéastes marginaux de cette même période.
Jude Law transcende grandement ce thriller placide, que rien ne semble pouvoir perturber de sa quiétude constante. Il interprète un personnage mystérieux, d'une complexité qui ne trouve pourtant que très peu de justification. C'est à la fois reposant et frustrant - comme si le temps que le film passe à construire ce rythme, ce climat elliptique aurait pu être mieux utilisé à renforcer sa volonté de faire dans l'originalité en se forgeant un arrière-plan plus marqué.

La démarche est très intéressante, le tout est juste assez curieux et perméable pour qu'on puisse s'y plonger sans soucis, mais le film se heurte aux limites de sa propre finalité - en jouant la carte du sensoriel il raye de sa cible les spectateurs les moins réceptifs. Et c'est toujours très difficile de juger ce genre de film. Car "La Sagesse des crocodiles" accompli ce qu'il s'était promis, faut-il alors en retenir un manque d'ambition ? La question est là, et tout dépendra de la manière que chacun a de séparer l'objectif du subjectif.

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le 19 août 2014

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Vivienn

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