Ce film est une petite douceur qui nous raconte la quête de Masato, jeune cuisinier de ramens souhaitant après la mort de son père, retrouver sa madeleine de Proust, le gout de la soupe que lui préparait sa maman étant petit. En remontant à la source familiale, la recherche va plus loin quand il souhaite associer deux plats, et aussi deux êtres et deux pays (les ramens de son papa japonais, et le bak kut teh de sa maman chinoise).
Le réalisateur nous immerge dans des bouillons et des légumes ciselés qui nous ouvre l’appétit. Dans la lignée des 'Délices de Tokyo', l'image est pastelle et le rythme est lent. Le film prend en effet le temps d'installer la trame de l'histoire, et le décor montrant la campagne japonaise et la ville de Singapour. Un certain romantisme qui infuse peu à peu.
La saveur des ramens se promène de manière fluide entre le présent et le passé, à travers les souvenirs et les quelques images documentaires de l'occupation japonaise.
On trouve une certaine délicatesse dans les plans rapprochés sur les visages des acteurs, particulièrement sur leurs longs silences.
Les dialogues sont quelque peu maladroits, mais n'est ce peut être pas la naturelle timidité de ces personnages connus pour être réservés? Certes les situations virent parfois au drama-mélo, mais nous étions tout de même quelque-uns à sortir la petite larme dans la salle de cinéma. On notera d'ailleurs que même si le ton du film est plutôt à l'émotion pudique, l'oncle parlant anglais, amène une énergie très communicative.
La cuisine fait ici le pont entre les générations. Et quand les mots ne peuvent être dits ou même entendus, alors la cuisine, faite avec amour (l'expression prend ici son sens) peut prendre le relais. La cuisine est ici une affaire de générosité. Manger, au delà d'une nécessité vitale, est un acte qui rassemble.
Allez je vous laisse, je vais déguster un bol de ramens.