Les Notules à Toto - Épisode 244 : Mauvais tour (Octobre 2023)

On retrouve dans La Tour le nihilisme propre au cinéma de Guillaume Nicloux, cette fois développé par ses propres soins dans un univers de science-fiction horrifique bancal, bourré ("plombé" même à ce niveau-là) d'incohérences. Le film accumule, en plus, des péripéties anecdotiques qui pourraient ouvrir de belles pistes narratives si elles n'étaient pas aussitôt abandonnées et tous les non-dits induits par la forme narrative choisie, extrêmement séquencée, compliquent inutilement la compréhension du récit. L'univers n'étant pas tangible, la "science" devient alors trop aléatoire pour le bien de la "fiction". Des personnages meurent uniquement pour légitimer une scène (complétement inutile) se déroulant 40 minutes plus tard ; la plupart ne fait que de la figuration ; presque aucun n'est développé et le spectateur ne s'attache vraiment à personne. Tout ça a pour unique effet d'accentuer dangereusement l'impression de se retrouver devant un film de petit chercheur sadique et frustré, qui prend un malin plaisir à torturer ses animaux de laboratoire, comme Villeneuve, Haneke et Solondz avant lui (l'horreur absolue !!!). Et si le principe des ellipses temporelles est malin, leur impact est irrémédiablement amoindri par tous les ratés de la mécanique du scénario. C'est d'autant plus désolant que l'idée d'origine était intéressante, stimulante même.

Heureusement, il reste la photographie, l'ambiance, quelques interprètes qui tirent leur épingle du jeu mais si on aime sincèrement le cinéma de Nicloux, difficile de valider le résultat. En ce sens, La Tour est une énorme déception.

• Malgré tous les défauts de The Divide, notamment au niveau de l'interprétation des comédiens, on serait presque tenté de trouver le film de Xavier Gens plus convaincant.
• Et c'est sans évoquer une petite réussite comme The Incident, qui partage quelques points communs avec le Gens et le Nicloux mais qui gère tout ça beaucoup mieux.