New York, le président d'une puissante entreprise, fabriquant des meubles, meurt brutalement d'une crise cardiaque dans la rue, juste après une rencontre avec des actionnaires. Son corps est à peine froid que c'est déjà la foire d'empoigne pour lui trouver un successeur. Deux profils opposés se distinguent parmi les vices-présidents, un pour qui seul compte la rentabilité, quitte à baisser radicalement la qualité de la marchandise produite, un pour qui la qualité et l'innovation importent avant tout...


Robert Wise était un réalisateur touche-à-tout solide et plus qu'estimable, qui savait faire du cinéma divertissant mais en même temps intelligent. Sans être un génie et sans dégager une véritable personnalité, il peut être qualifié d'artisan de premier ordre. La Tour des ambitieux est une belle preuve de cette constatation.


Scénario très bien écrit, réalisation efficace et visuellement élégante comme seul le meilleur du cinéma des années 50 savait le faire, et puis une distribution qui donne sérieusement envie...


La MGM (puisque c'est elle qui avait produit ce film !) retrouvait ici ses bons vieux réflexes des années 30, dont Grand Hôtel et Les Invités de huit heures en sont les représentants les plus fameux, en réunissant un véritable parterre de stars de l'époque, à qui le studio avait donné des personnages subtils et bien creusés, aussi bien pour les femmes que pour les hommes ; chacun a eu un beau rôle et chacun l'a interprété à la perfection.


Il faut souligner aussi l'absence totale de BO, ce qui était très rare pour un film de cette période. Le générique de début, par exemple, a juste pour musique le bruit des cloches et ceux de la circulation.


Et il ne faudra surtout pas oublier de signaler la séquence d'introduction, superbe petit modèle d'audace, où on suit en plan subjectif les symboliques dernières minutes du président de la compagnie, du haut d'une tour, irremplaçable, au sommet de sa puissance, jusqu'en bas, sur le trottoir, où il n'est plus rien, juste un corps sans vie, qui sera remplacé très rapidement par un autre, bien vivant lui.


Mais malheureusement, il y a un "mais" qui fait que ce potentiel excellent film a seulement le rang de très bon film :


la fin naïvement idéaliste, où le personnage joué par William Holden, défenseur de l'audace et de la qualité, réussit à retourner en quelques minutes un conseil pour qu'il vote en sa faveur, le désignant ainsi nouveau président, n'est pas du tout crédible. Dans la réalité, c'est celui de l'acharné de la rentabilité, beaucoup plus soucieux de satisfaire les actionnaires que les employés et les clients, joué par Fredric March, qui gagnerait à plate couture. Ce genre de directeur a été le passé de l'époque pendant laquelle a été tourné le film, a été son présent, sera son futur, a été notre passé, est évidemment notre présent et, plus que jamais, sera notre futur. C'est triste mais c'est comme cela. Je tiens aussi à préciser qu'il y a autre chose qui rend cette scène peu crédible selon moi (parce qu'il peut y avoir heureusement quelques exceptions en ce qui concerne l'opposition rentabilité/innovation !), le fait que le personnage joué par Holden prend un ton enflammé pour défendre son point de vue. Cela passerait très bien devant une salle bondée de monde, mais, par contre, ça passe beaucoup moins bien dans une salle de réunion avec juste quelques personnes.


Dommage... un très bon film tout de même...

Plume231
7
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le 9 sept. 2019

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Plume231

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