Décidemment ce bon vieux Scorsese ne cesse de m'impressionner au fur et à mesure de la découverte de son oeuvre. L'ayant commencé "à l'envers", avec un Shutter Island qui m'aura marqué à vie, ayant poursuivi avec la liste de ses collaborations avec Mr. Dicaprio, je me suis ensuite intéressé à celles avec le jeune DeNiro, avec un Taxi Driver renversant, Les affranchis, puis désormais cette Valse des pantins.


La valse des pantins nous conte l'histoire de Rupert, jeune homme plein d'ambition souhaitant devenir comédien, à l'instar de son idole Jerry Langford, présentateur télé. Tout au long du film, nous allons donc suivre de jeune Rupert à la poursuite de son rêve, qu'il désire réaliser à n'importe quel prix.


Les vices de notre société étant d'un nombre incalculable, ils sont régulièrement objets d'étude pour les cinéastes. L'obsession en est l'un d'eux, souvent traité avec des sujets tragiques tels que la drogue, elle est ici traitée différemment, c'est ici l'obsession de la célébrité qui est abordée (beaucoup plus difficile à prendre au sérieux et donc beaucoup plus compliquée à traité pour un réalisateur.) La célébrité existant depuis que l'homme est homme, c'est ici une toute nouvelle forme de célébrité que Martin Scorsese décide d'aborder. Celle-ci commence clairement à se développer dans la période d'après-guerre, notamment grâce à de toutes nouvelles normes et valeurs qui commencent à s'encrer dans notre société (et qui sont aujourd'hui plus que jamais profondément installées, ce qui fait de ce film un film plus actuel que jamais, malgré la trentaine d'années qui ont passé.) et aussi bien sûr aux conditions que permet la période des Trente Glorieuses, la diffusion de la télévision dans tous les foyers, les bars et la créations de shows télévisés.


Selon moi, ce qui fait la richesse de ce film c'est qu'il est totalement inqualifiable, on passe par toutes les émotions, on découvre un Martin Scorsese qui se joue de nous tout au long du film et que Robert DeNiro prend plaisir à suivre. Tout commence avec le titre et la première partie du film, drôle, à l'image de son personnage principal qu'on a vraiment envie de suivre lorsqu'on les découvre, lui et son ambition. Nous avons donc la certitude d'être en train de visionner une pure comédie qui respecte tous les codes du genre, lorsque tout d'un coup, Scorsese nous fait douter. Son personnage commence à devenir insupportable, énervant, son obsession commence à prendre énormément de place et à devenir trop pesante pour le spectateur. Et puis arrive le kidnapping, suis-je en train de regarder un thriller ? Rupert commence clairement à devenir perturbant, et on ressent cette fois de la peine pour lui. A partir du début et de la présentation du personnage, nous attendons clairement une seule chose tout au long du film : le jour où Rupert pourra enfin faire son apparition dans le show de Jerry et prouver son talent qu'on espère à la hauteur de son ambition. Ce moment arrive donc à la fin du film et nous permet d'assister à une scène plus dérangeante que jamais avec un Rupert complètement euphorique de se voir dans cette petite boîte noire à présenter son sketch tant travaillé à tout le pays, à être le centre de l'attention pendant dix médiocres petites minutes qui seront vite oubliées. Sketch que d'ailleurs, nous avons extrêmement de mal à trouver drôle après une heure et demi dans la peau de ce Rupert. Un Rupert incarné par un Robert DeNiro plus flippant en King of comedy qu'en n'importe quel James Conway ou Travis Bickle. Durant cette scène, dans les yeux d'un Rupert aveuglé par son obsession on peut clairement observer la satisfaction d'un rêve réalisé, alors qu'en tant que spectateurs, nous assistons à une des plus belles descentes aux enfers du septième art.


Dans toute l'oeuvre de Martin Scorsese, ce qui ressort clairement est le travail d'écriture des personnages que je trouve totalement bluffant. Martin Scorsese a vraiment le don d'écrire les personnages aux destins sombres qui resteront toujours mes personnages de film préférés, ceux qui m'ont le plus intrigué, d'une complexité rarement vu dans ma modeste liste de films visionnés dans ma (encore courte) vie. Il a une manière de retranscrire les comportements humains dans ses personnages, ces malades de la société, qui nous paraissent tellement uniques mais qui sont pourtant le reflet de notre société et donc d'un côté qui sont donc le reflet de nous-mêmes.

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le 28 juin 2015

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