La première réaction, lorsque le rideau tombe et laisse apparaître les lettres « The End » c’est l’incrédulité. Ce petit moment de flottement, propre aux chefs-d’œuvre qui emplissent nos cœurs d’un trop-plein d’amour cinématographique. Nos yeux écarquillés cherchent leurs repères alors même que le sourire figé de notre visage ne se dissipera pas de sitôt. Puis l’on se questionne. Comment y est-il arrivé, comment Frank Capra a pu atteindre cette symbiose entre le drame familial, l’errance fantastique et la romance salutaire ?


À cette dernière question, point de réponses franches, mais une certitude : La vie est belle est un beau, un très beau film. On y distille la vie, sous son meilleur jour. Croyez-moi, il est difficile par le prisme de l’écran de faire pleurer de joie un spectateur, et la fin du film de F.Capra y parviendra sûrement. Elle constitue un ouragan émotionnel, qui emporte tout sur son passage avec la ferveur et l’innocence de vos premiers amours.


Portrait subtil d’une communauté soudée, F. Capra, sans aucune lourdeur dépeint l’entrelacement des vies. Sans qu’ils ne s’en rendent compte, l’action des uns définit la vie des autres. Même quand l’injustice les accule, quand chacun de leurs rêves s’effondrent sous le poids des obligations, des responsabilités, il reste de l’espoir. Celui de voir s’ouvrir une infinité d’autres portes, de possibilités. Vouloir la fin c’est oublier ces dernières, c’est oublier l’empreinte que l’on a laissé sur le monde. Peut-être pas celle que l’on aurait rêvée, peut-être pas le parcours qui jadis berçait nos nuits, et pourtant c’est bien cet amas de choix qui détermine ce que l’on est devenu et ce que sont devenus nos proches.


Ne jamais renoncer, prendre conscience que la vie est précieuse, que derrière toutes ses aspérités, il y a du Beau. Il y a ces gens que dans notre torpeur nous avons oubliés, il y a cette femme qui nous attend d’amour, il y a ces enfants qui comblent nos attentes les plus folles et qui nous inondent de leur douce candeur. Il y a ces amis qui se cachent derrière notre porte et nous convient au plus beau des voyages. Il y a cet ange, miroir de ce qui aurait pu être, promesse de ce qui est.


F. Capra prend à bras le corps le pessimisme qui à un moment ou un autre parcourt une vie. Il le prend, le tord, le broie et le met face à l’évidence : s’il est là, c’est qu’il existe son penchant inverse, sa Némésis : l’optimisme. Avec force et fracas James Stewart et Donna Reed nous donnent une leçon d’humanisme.


Vous l’aurez remarqué, point d’analyse dans ces quelques lignes, de tortueuses théories ou de fulgurance graphique. Ce ne serait pas rendre hommage à la simplicité salvatrice de It’s a Wonderful Life. Non, ici le magicien Capra nous invite à l’humilité et nous rappelle que :


« Life is what happens to you while you’re busy making other plans » John Lennon


Merci.

Westmat
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le 27 juin 2016

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Westmat

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