Critique publiée pour les 16èmes de finale de la coupe SC organisée par guyness.

Nous sommes dans le Nord de la France.Voilà maintenant 2 ans que la 1ère Guerre Mondiale a pris fin et la vie doit reprendre son cours, qu’on le veuille ou non. Les Français se remettent doucement des événements mais l’ombre de la Guerre n’est jamais bien loin. Il faut gérer les pots cassés et les séquelles inévitables qui subsistent encore, quelles soient matérielles ou immatérielles.

C’est dans un hôpital militaire que débute cette histoire. Nous y découvrons le commandant Dellaplane, une grande-gueule aigrie, obsédé par sa tache, à la fois absurde et ingrate. Cet homme doit identifier, répertorier, recenser et comptabiliser les Disparus de Grande Guerre.

Mais que signifie un Disparu ?
A vrai dire pas grand-chose.

Il peut être un mort, un sourd, un muet, un déserteur, un amnésique, un amputé et j’en passe.
Un Disparu n’est rien. Il a perdu une quelconque humanité. Plus d’identité, plus de reconnaissance, plus d’existence. Le commandant s’acharne au quotidien pour mettre des figures sur des noms et des noms sur des figures afin de leur faire retrouver une certaine dignité.

Sa route va croiser le chemin de 2 femmes qui sont chacune en quête de l’homme qu’elle aimait et qui a disparu pendant le conflit :
- La 1ère est Irène de Courtil, une jeune femme du « monde » issue de la haute bourgeoisie parisienne. Ornée de son élégant chapeau voilé, cette dame hautaine, froide et exigeante est prête à tout pour retrouver son mari.
- La 2nde est Alice, une femme d’un milieu beaucoup plus modeste, qui fut nommée institutrice pendant la Guerre puis fut rapidement délogée de cet emploi une fois la Guerre terminée. Avec un peu moins d’acharnement qu’Irène, elle recherche son fiancé.

Finalement, leurs quêtes constituent un parcours initiatique au cours duquel ces femmes découvriront progressivement la triste et terrible réalité du conflit qu’elles ne connaissaient qu’à travers les journaux.

Cette intrigue principale permet à Tavernier d’effectuer une formidable reconstitution historique du climat des années 20 à travers une fresque complète de cette société française en pleine transition. Cela ne serait évidemment pas possible de manière aussi réaliste, sans des acteurs de grande qualité qui ont su s’adapter et s’imprégner remarquablement de l’air du temps.

Comme si ça ne suffisait pas, le cinéaste vient greffer au fil principal du récit une intrigue sentimentale entre Irène de Courtil et Dellaplane. Le charme froid et distant d’Irène ne laisse pas indifférent le militaire mais il se refuse souvent à se l’admettre. Une relation ambiguë qui vient mettre en exergue les difficiles relations homme-femme au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale. En effet, les femmes ne savent pas ce qu’il est advenu de leur mari et se questionnent :

Est-ce que entamer une relation avec un autre homme relève de l’infidélité ?

Vous l’aurez compris, ce long-métrage est pétri de qualités. Oui mais seulement, cela n’a pas suffit à me convaincre totalement. A aucun moment, je n’ai vraiment été emporté par cette histoire, la faute à un style « à la française » assez classique tout de même. Le fond et le traitement sont extrêmement réussis mais la mise en scène reste simpliste, sans coup d’éclat, ce qui ennuie clairement le spectateur. Le côté « historique » prend un peu trop le dessus sur le film. Et puis, l’intrigue devient vite monotone.

En conclusion, ça reste une belle œuvre dotée d’un traitement fin et original pour aborder cette période historique difficile. Pas transcendant mais j’ai passé tout de même un bon moment, rien d’autre
TheStalker

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