Cinquième réalisation pour Ben Stiller, qui opère ici un changement radical dans sa mise en scène et son approche des thématiques abordées.
Après Disjoncté (critique sur l'individualisme et l'isolement social), Zoolander et Tonnerre sous les Tropiques (satires du monde de la mode et d'hollywood), l'acteur-réalisateur de 48 ans débarque avec un projet beaucoup plus ambitieux, sur la quête existentielle de l'attachant Walter Mittty.
On est donc devant un lointain remake de La Vie Secrète de Walter Mitty (1947), interprété par l'idole de Ben Stiller : l'oublié Danny Kaye, acteur à tout faire (danseur, présentateur tv entre autres) et véritable star américaine durant toute la période d'après-guerre.
Un humour basé sur la gestuelle et la performance physique, auquel Ben Stiller rend ses lettres de noblesses dans de nombreuses séquences comiques, qui sont de loin les passages les plus réussis du film, parfois à la limite du mime.
Quant à la mise en scène, apaisée et inspirée, elle fourmille de trouvailles visuelles (générique, réception d'un sms à flan de montagne), entre les décors superbement mis en valeur du Groenland et surtout de l'Islande.
A noter que le film a été tourné en pellicule, toujours dans ce soucis d'authenticité, ce qui est une rareté aujourd'hui dans une production à 90 milions de dollars.
Malheureusement, mon enthousiasme sera constamment parasité par 2 aspects du film qui m'ont souvent rebuté.
Tout d'abord, les "rêves" (qui deviennent réels par la suite) sont -pour la plupart- en total décalage avec le reste du long-métrage, élégant et sensible, ne créant aucune émotion particulière, et surtout pas comique.
Autant cette abondance visuelle et pyrotechnique était totalement justifiée dans Tonnerre sous les Tropiques, car on était sur un tournage de Blockbuster bourrin, dans une satire Hollywoodienne, autant ici elle dénote complètement avec la créativité du film.
Ensuite, la trame globale en 3 étapes, avec l'amourette de rigueur, ne bousculera jamais le spectateur dans le déroulement des évènements, le maintenant dans un confort un peu trop cotonneux pour moi (surtout le dernier tiers un peu long).
Les clichés du feel-good movie s'entassent sans temps mort, et parfois j'avais l'impression d'être devant une pub avec un slogan du genre "deviens ce que tu es" ou "n'écoutes que toi"...
Pourtant je peux me laisser facilement transporter par ce genre là, et je n'attendais pas un miracle d'originalité dans la trame non plus, mais ici les arguments son vraiment trop surlignés(méchant capitalisme, société individualiste, atteindre ses rêves); pas à la hauteur des qualités visuelles et artistiques du film.
Si le cynisme de ses précédentes réalisations était une réussite, on se rend compte qu'avoir une approche positive d'un sujet est aujourd'hui beaucoup plus casse-gueule; et Ben Stiller n'a pas pu éviter certains pièges.
J'aurais voulu être beaucoup plus enthousiaste face à la dernière production de cet auteur que j'adore, surtout que c'est de loin son projet le plus personnel et le plus honnête.
J'ai été un peu déçu, mais ma notation sévère est un encouragement à en voir plus sur ce nouveau sillon tracé par l'un des meilleurs comiques US(il le prouve encore ici), mais aussi un réalisateur qui risque de s'affirmer un peu plus ces prochaines années, grâce à son inventivité visuelle et une réelle sensibilité d'auteur.