Les premières minutes ne laissent pas indifférentes, elles nous plongent instantanément dans une ambiance assez travaillée. Un espace de vide marqué par une gravité et teintée de douceur. L'entrée en matière est donc très bonne et le noir et blanc ne manquera pas de confirmer ce jugement. L'imagerie est sobre mais non pas moins élégante.

Le film se base en grande partie sur un principe de dualité qui lui permettra de gagner en consistance et en profondeur. Ainsi le film se divise donc en deux grandes parties bien distinctes. Ses deux grandes parties se font constamment échos, quoi de plus normal lorsqu'on l'on sait qu'elles racontent toutes deux la même histoire. Nos héros partent donc du même point, rencontrent les mêmes étapes mais avec quelques détails qui se verront modifiés et auront, malgré leur futilité apparente, un certain impact sur l'histoire.

La première partie se révèle être plus romancée que la seconde. L'on suit les scènes en étant plus proche du personnage masculin (Jae-hoon), fou amoureux de Soo-Jung. La douceur est au rendez-vous en démontre les quelques scènes langoureuses et le romantisme du point de vue.

La seconde partie est donc plus terre à terre, moins romanesque et sonne donc presque instantanément comme plus vraie aux yeux du spectateur. C'est aussi un sentiment d’âpreté bien plus appuyé qui fait surface avec des âmes plus torturées et complexes. C'est cette notion de double point de vue totalement maîtrisé qui permet d'éloigner les personnages des clichés de l'homme amoureux et de la femme traumatisée par une relation sexuelle. Hong Sang-soo nous démontre entre autre que sur un même fait matériel (Donc incontestable) les perceptions peuvent variées d'un individu à l'autre (La scène de la fourchette/cuillère), le réalisateur coréen superpose deux morceaux de vie pour aboutir à un certain sentiment de richesse psychologique.

Au final l'oeuvre de Hong Sang-soo se révèle être particulièrement intéressante quoi que tout de même assez exigeante. Les portraits de personnages gagnent en consistance au fil du long-métrage. Les sentiments et émotions se succèdent mais La vierge mise à nu par ses prétendants brille surtout par son travail d'atmosphère.
Dodeo
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le 21 nov. 2012

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