Pas une n'a la même nationalité, le même parcours de vie (catastrophique), les mêmes formes et âges (l'équipe la plus hétéroclite que vous verrez jamais), mais toutes ont le même goût du foot, au travers de valeurs immuables : respect, compassion, confiance en soi. Tout ce que ces femmes n'ont pas eu par leur partenaire de vie (hommes violents ou négligents), par leur patron (qui les ont exploité), par la misère d'un pays sous-développé, elles le laissent au vestiaire, elles attrapent le ballon et partagent un moment entre femmes. Ce beau documentaire sur le championnat (totalement méconnu, pour notre part) de la coupe Las Leonas, qui réunit les équipes d'Amérique Latine sur le sol italien, nous a parfois ému aux larmes (comment rester impassible devant celles qui disent à mi-mots qu'elles ont été violées, exploitées, abandonnées...), nous a souvent fait sourire (les joues encore mouillées) devant les traits d'esprit de ces joueuses qui refusent de s'apitoyer, nous a fait aimer le foot le temps d'une heure (un exploit absolu) en montrant leur admiration et leur humilité face à d'autres équipes, remettant le fair-play sur le devant du jeu, qui nous manque souvent dans les grands championnats masculins. On s'est même beaucoup attaché au trinôme de femmes, dont un couple charmant (qui élèvent à trois le bébé abandonné à l'une d'elle par un courageux papa...) et la "tata" improvisée, "ramassée en chemin" comme elles se plaisent à le dire, un rire généreux profanant la tristesse de la situation, comme ce documentaire qui refuse de voir le pire dans le parcours de ces Lionnes, seulement tout ce qu'elles ont à s'offrir entre elles. Alors oui, la technicité est loin des pros de Ligue 1 (les scores ressemblent parfois à des scores de baskets...), mais on suivrait ces femmes au bout du monde, toujours sous le soleil radieux de leur sourire.