Un jeune londonien,dont on ne connaîtra pas le nom,fait fortune dans le trafic de drogue.Le type ne se considère pas comme un gangster mais comme un homme d'affaires avisé.Il est raisonnable,organisé,déteste la violence et les armes et limite au minimum nécessaire ses rapports avec ses collègues de la pègre.Mais ceux-ci sont très différents et n'ont pas la même vision des choses,et lorsque notre businessman décide de prendre sa retraite en profitant de son argent durement gagné,son patron Jimmy Price le contraint à accomplir deux missions difficiles:retrouver la fille junkie du parrain de la mafia anglaise et écouler un stock d'ecstasy dérobé à un gang serbe tout en évitant les représailles des yougos qui ont envoyé un tueur pour régler les comptes.Ce premier film réalisé par Matthew Vaughn s'inscrit dans la lignée du néo-polar anglais des années 90-2000 style Guy Ritchie,ce qui n'est pas étonnant dans la mesure où Vaughn fut justement producteur de "Crimes,arnaques et botanique" et "Snatch".Ici il produit via sa société Marv Films,en association avec Columbia Pictures.Le scénario est l'oeuvre de J.J. Connolly,qui adapte son propre roman.Dès ce premier essai le cinéaste imprime sa marque et fait étalage de sa virtuosité technique et de sa dextérité à shooter les scènes d'action.Les plans aux angles originaux et imparables se succèdent à un bon rythme et les séquences s'enchaînent en souplesse grâce notamment à des travellings latéraux ou avant-arrière qui transfèrent le récit d'un lieu à un autre sans coupure.Le cynisme teinté d'humour noir infuse cette histoire brossant du milieu criminel un portrait sans concession.Cupidité,violence extrême et paranoïa guident des personnages pourris jusqu'à la moelle pour qui la quête d'argent justifie tout.Personne ne peut faire confiance à personne,tout le monde trahit tout le monde,chaque protagoniste tente de manipuler les autres et le héros,seul à avoir un semblant de morale,va payer cher son implication dans cet univers délétère.Les rebondissements s'accumulent,les responsables de tel ou tel acte et leurs raisons sont rarement ceux et ce qu'on croit,et une spirale de meurtres s'installe dans cette course effrénée au fric et à la dope.On change de lieu et de protagonistes à chaque scène et jamais l'ennui ne peut s'immiscer dans ce brillant tourbillon.Le problème est que les auteurs en font trop,car abondance de biens peut parfois nuire.Trop de personnages,trop de complexification,trop de doubles jeux,on finit par s'y perdre et ne plus piger grand-chose à ce fourbi.Dommage, car ce délire post-Tarantino ne manque pas de jus et aurait pu devenir un classique du genre.La musique d'Ilan Eshkeri et Lisa Gerrard pulse un max et des chansons toniques émaillent la projection avec entre autres "Gimme Shelter" des Stones ou la version Joe Cocker de "Don't let me be misunderstood" sur le générique de fin.Quant à la distribution,elle est étourdissante,à l'anglaise,avec des gueules talentueuses dans tous les rôles.En vedette trône un Daniel Craig royal qui se démène vaillamment au milieu des tuiles qui lui dégringolent dessus en permanence.Le futur James Bond a parmi ses partenaires Ben Wishaw,qui le rejoindra en 2012 dans la saga des Broccoli dans laquelle il reprendra le rôle de Q.Mais là ils ne sont pas copains,le premier cocufiant le second,ce qui culminera dans une scène finale qui existe en trois versions,celle retenue au montage final étant indubitablement la meilleure.Autre acteur qui aura de l'avenir,un certain Tom Hardy qui bien avant de devenir Mad Max incarne le complice de trafic de Craig.Dans le même ordre d'idée on a Sally Hawkins en copine tarée et camée d'un gangster,treize ans avant "La forme de l'eau".Des vieux de la vieille apportent leur contribution en truands avides et sans pitié,il s'agit de Colm Meaney,Michael Gambon,Kenneth Cranham,Jason Flemyng ou George Harris.Grands numéros également de Jamie Foreman en criminel givré,du roumain Marcel Iures en serbe impitoyable,de Tamer Hassan,le sosie de Steven Seagal,en porte-flingue impavide,de Burn Gorman en petite frappe indécise,d'Ivan Kaye en ex malfrat tombé dans la dèche,de Stephen Walters et Louis Emerick en revendeurs d'escta,tandis que les hommes de main du héros sont excellemment campés par Steve John Shepherd et surtout Dexter Fletcher,le futur réalisateur de "Bohemian Rhapsody" et "Rocketman".Sans oublier l'atout charme du film,une très caliente Sienna Miller.Notes et critiques de films de Matthew Vaughn publiées précédemment:voir critique "The King's Man:Première mission".Nouvelle moyenne:5,2.