Hello Mary Lou : Prom Night II (Bruce Pittman, U.S.A, 1987)

Sept ans après la sortie de ‘’Prom Night’’, Slasher plus que correct ayant laissé son empreinte dans le genre, arrive sur les écrans sa suite, qui en fait n’en est pas vraiment une, mais qui est quand même sous-titré ‘’Prom Night II’’. Ce qui en fait sa suite. Au départ le film devait être indépendant de toute franchise, mais heureusement des producteurs ont eu le nez creux. Au titre ‘’Hello Mary Lou’’ ils font rajouter ‘’Prom Night II’’. Surfant ainsi sur le succès d’un métrage vieux de sept ans. Logique.
En 1987 le Slasher connaît ses dernières heures de gloire. Tel un baroud d’honneur, ‘’Dream Warriors : A Nightmare on Elm Stree 3’’ de Chuck Russell, l’une des meilleures productions horrifiques de la décennie, repousse les limites de l’univers de Freddy, pour proposer une œuvre grandiose qui n’estplus tellement du Slasher, mais une sorte d’évolution germaine. Il en va de même pour ‘’Hello Mary Lou…’’, qui échappe aux contraintes des règles du Slasher.
Dans ‘’Hello Mary Lou : Prom Night II’’ tout commence lors d’une soirée de bal de promo dans les années 1950. Mary Lou, une petite peste insupportable, se tape derrière la scène un beau jeune homme. Le problème est que ce n’est pas celui avec lequel elle est venue. Ce qui rend ce dernier vraiment chafouin, surtout qu’il est témoin de la scène. Humilié, lorsque Mary Lou est élue ‘’Queen of the Prom’’, il décide de l'allumer avec un pétard. Sauf que la situation lui échappe et elle brûle. Intégralement.
Trente-cinq ans plus tard, même lieu, même événement, le récit se positionne sur des ados en train de préparer leur bal de promo, et de paniquer sur la suite de leurs existences. Un jeune couple tout charmant aimerait prendre une année sabbatique avant de partir à l’Université, pour travailler et apprendre la vie, ensemble. Comme c’est choupie. Sauf que ce sont des ados, et leurs parents les traitent encore comme des enfants.
Le passage à l'âge adulte n’est pas aisé, l’adolescence c’est un âge où il est possible d’être assez mature pour prendre des décisions, et se choisir un avenir pour soit. Cependant, selon la loi c’est toujours aux parents de décider ce qui est mieux pour leurs rejetons. Retour à cette idée d’un âge schizophrène, comme dans le ‘’Prom Night’’ premier du nom : Enfant l Puberté l Adulte. Dans certaines cultures l’adolescence ça n'existe même pas comme concept.
Au moment où un ados est capable de réaliser que les lois peuvent changer, il a une envie de changement, de refaire le monde pour aller vers une société plus juste, plus égalitaire, pour renverser des pouvoirs et des régimes autoritaires. Mais c’est aussi un âge où il doit s’assurer d’être à table à 20h avec papa et maman. Pourtant il n’a qu’une seule envie : découvrir le monde, la vie, sans carcans et sans obligation.
Du coup l'adolescent est amené à répéter ce qu'on fait ses parents, eux-mêmes influencés à un âge où faire des choix c’est dur, et couteux en énergie. Vickie, le personnage principal de ‘’Hello Mary Lou…’’ aime les chevaux, porte un Maillot de football américain en guise de nuisette, écoute du rock, et est présentée comme une femme des années 80 : Libre, indépendante, et prête à conquérir le monde. Mais sa mère, une mégère Chrétino-intégriste, à une influence lourde sur sa liberté. Quant à son père le mariage l’a totalement castré.
‘’Hello Mary Lou : Prom Night II’’ est plus un film de possession qu’un véritable Slasher, bien qu’il en reprend le schéma. Vickie est par l’esprit de Mary Lou, une entité vulgaire, agressive, limite nympho, avec comme envies d’être la plus belle, la meilleurs, et écraser les autres. Typiquement le genre de comportement porté par le gouvernement de Ronald Reagan. Mary Lou incarne cette société du Moi dans tout ce qu’elle peut avoir de plus dégueulasse.
Ce n’est pas un hasard si le début du film se passe dans les années 1950, puisqu’il y a là un pont avec les années Reagan, durant lesquelles le pouvoir américain tente de retrouver l’innocence perdue en 1963 avec l’assassinat de Kennedy. La Guerre Froide connaît une nouvelle période de tension, et l’Amérique place en vitrine sa puissance militaire. Ce qui se traduit à Hollywood à travers des films comme ‘’Rambo II’’ ou ‘’Commando’’.
Mary Lou, qui disons-le est une vraie pétasse, incarne ainsi des années 1950 durant lesquelles les parents des protagonistes étaient eux-mêmes ados. Au final Mary Lou est loin d’être un exemple, alimentant le fait que les 50’s, et bien c’était pas forcément mieux. À la fin des 80’s, le regard sur la jeunesse est assez acerbe, pourtant ils ne font pas pire que leurs parents. Sorte d’œuvre anti-réac, ‘’Hello Mary Lou…’’ prend à contrepied l’idée préconçu que les générations suivantes sont systématiquement pires que la précédente, un fait non avéré.
Fun, décomplexé et plein d’audace, le métrage se donne à fond dans toutes ses idées, ce qui en fait un film riche des plus jouissifs. À commencer par les noms de famille des personnages, qui proviennent tous des patronymes de créateurs en lien avec le milieu de l’horreur : Craven, Carpenter, Hennenlotter, Waters, King, Romero, Browning, Dante... Cela montre que le film ne se prend pas au sérieux, tout en étant fait par des vrais amoureux de l’Horreur au cinéma.
De nombreuse scènes oniriques témoignent de l’Influence de la saga ‘’Freddy’’, Ce qui est loin d’être anodin, puisque le scénariste Ron Oliver, à qui il fût demander de réécrire des passages et de les tourner, fît appel à Wes Craven pour lui demander conseil. C’est ça ‘’Hello Mary Lou…’’, un film hommage qui s’éclate avec des conventions préexistantes.
À l’image des morts bien alambiquées, qui tranchent totalement avec le ton très sérieux du premier ‘’Prom Night’’. D’ailleurs le film soufra d’être présenté comme une suite. Au cinéma il n’eut pas le succès escompté, puisque ça n’a clairement rien à voir, inscrivant les amateurs en faux. Heureusement, avec le temps nombreux sont ceux qui ont réalisés le potentiel magique qui se cachait au fond de cette œuvre obscure, oubliée un peu prématurément.
Histoire de possession oblige, de nombreuses références sont faites à ‘’The Exorcist’’ de William Friedkin en 1973. Le film ne se gênant pas pour le citer directement, tournant en dérision l’idée de la possession. Mary Lou possède également des pouvoirs télékinésiques, particulièrement pratique pour la mise à mort de ses proies. Cela permet au film de se réinventer sans cesse, en frappant là où ça n’est pas attendu.
Divertissement de qualité, qui fait plaisir à voir encore aujourd’hui, ‘’Hello Mary Lou…’’ possède ce charme des 80’s, où l’horreur se permettait toutes les audaces. À l’instar de cette séquence étonnante où dans une salle de classe une lycéenne se fait bouffer par le tableau noir. Un rappel évident à la scène de ‘’A Nightmare on Elm Street’’ où Johnny Depp se fait avaler par son lit. La filiation avec Freddy se retrouve aussi dans le cabotinage de Mary Lou.
Il y a dans ce film une volonté de faire dans l’originalité, en étant à la fois horrifique et en même temps hilarant. Servit par une mise en scène Evildedesque, fort d’un second degrés cartoonesque et bien gore, l’influence de Sam Raimi semble évidente. Ne serait-ce que dans la recherche de montrer des meurtres inventifs, tel ce jeune homme se faisant griller la tête par son écran d’ordinateur. Une séquence qui peut être vu comme l’inquiétude de l’émergence des écrans, et le temps passé par une partie de la jeunesse, les fameux geeks, qui mettent leurs vies sociales en suspend pour sombrer des heures et des heures devant un écran. Une problématique de notre époque, qui rend ‘’Hello Mary Lou…’’ particulièrement moderne.
L’ambiance musicale occupe également une place importante, comme pour le premier volet, elle donne une indication sur l’évolution de la société. Fini le Disco, qui en 1987 est mort et enterré, place à la New-Wave Post-Punk. Et pour ce qui concerne les séquences dans les années 1950, c’est une ambiance rock n’roll/rockab’.
Pas tout à fait un Slasher, mais un peu quand même, puisque l’hécatombe concerne principalement des d’adolescents, ‘’Hallo Mary Lou : Prom Night II’’ c’est avant tout ben le fun. Un petit roller-coaster épargné par le poids des années. Efficace et généreux en tout point.
Surtout n’oubliez jamais : Une bible qui brûle sur une tombe, c'est jamais bon signe.


-Stork._

Peeping_Stork
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le 24 févr. 2020

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