Cela faisait des mois que je devais le voir, à sa sortie j'avais tellement envie d'aller au ciné... Et puis je ne sais pas pourquoi, mais je ne l'ai pas fait. Plus d'un an plus tard, me voilà face à ce film qui m'avait fait sacrément fantasmer, de par son synopsis et son alléchant casting...
Le Bruit des Glaçons est une œuvre profondément fataliste, ce n'est pas une comédie, ce n'est pas un film que l'on regarde "histoire de se détendre", non. C'est un film certes drôle, mais également torturé, sombre et qui mélange absurdité et réalisme avec une froideur déconcertante. Comme l'a souligné l'auteur de la critique positive la plus appréciée de ce film, on y rit mais à contrecœur, avec une certaine amertume.
Les dialogues sont excellents. Parfois très incisifs, très durs, ils sont également parfois succulents et d'un humour noir très réussi. Ils sont portés par des acteurs qui jouent parfaitement. Dupontel est parfait dans le rôle du cancer, quant à Dujardin, son espèce de bonhomie et sa tête de blasé sont parfaits.
Le film porte en lui des situations impossibles, cela ressemble au théâtre de l'absurde, de nombreuses phrases pourraient sortir d'une œuvre de Ionesco ("Personne ? Normalement quand ça sonne c'est qu'il y a quelqu'un" (approximatif) ). D'ailleurs, l'enchaînement de scènes parfois sans rapport de temps ou d'espace pourraient nous faire penser à des scénettes, éparpillées, liées cependant d'un point de vue du sujet. La mise en scène est éclatée, elle enchaîne les plans fixes et les légers plan-séquences, s'amuse à se balader dans la maison, à errer autour des personnages comme eux errent autour de leur histoire insensée. Au final le film semble n'être qu'un délire éphémère, lourd de sens certes, pesant même (alcoolisme, presque pédophilie...), mais qui ne reste qu'une espèce de tranche de vie excentrique et absurde, balancée dans la tronche du spectateur, bouche bée face à tant d'inventivité.
Au final, le film marque le spectateur de sa folie, mais aussi (voir surtout), de sa finesse à mélanger les émotions. On ne pleure jamais vraiment, comme on ne rit jamais énormément. Le Bruit des Glaçons est juste un film autant absurde que réaliste, qui démontre avec une fatalité effrayante que la vie peut basculer très facilement dans un néant, dans une folie, qu'elle n'est pas parfaite mais qu'au final, comme le souligne Dujardin lorsqu'il parle à son fils, on y trouve toujours de grands moments.
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