"Rembobinez la cassette avant de la ramener SVP"

Curieusement Le Cercle ne m'a pas paru être un film d'horreur, mais plutôt un thriller fantastique, car il s'agit plus d'une enquête nous menant sur les origines de la fameuse cassette que les ravages qu'elle produit.

De ce point de vue, le scénario se tient bien et dévoile peu à peu ce qui se cache derrière cette chevelure poisseuse qui répand la mort. Et malheureusement c'est là, dans le dernier tiers du film, que l'histoire semble inaboutie. Autant les éléments factuels, historiques, sont mis au jour, autant les éléments fantastiques (les "pouvoirs" de Samara, le comment de ladite cassette ou encore du fameux coup de téléphone annonciateur) ne trouvent aucune explication.

Fantôme, démon, mutant ou que sais-je encore? Sans nécessairement démystifier la créature, le cheminement de l'enquête devrait amener le personnage de Naomi Watts à essayer de comprendre la nature des phénomènes, mais il n'en est rien. Une fois démontré que Samara est elle-même une victime, le film s'arrête là sans entrer de plein pied dans le fantastique alors que tout nous y amène, se contentant de poser un phénomène inéluctable alors qu'une fin apaisée, comme conclusion de la quête de l'héroïne, était envisageable, tombant dans la facilité de la créature increvable faîte pour faire le mal et puis c'est tout. L'objectif était peut-être de créer un personnage maléfique iconique, mais ses rares apparitions, moyennement flippantes, n'y suffisent pas.

Que reste-t-il alors? Les images. La lumière grisâtre, un peu exagérée peut-être, réussi néanmoins à créer une atmosphère poisseuse et humide, ces éléments du pourrissement qui font sentir que la mort rôde. Le choix des plans, parfois emprunts d'une certaine poésie et qui égrainent le film, alimentent l'aspect fantastique d'assez belle manière. Gore Verbinski semble prendre un certain plaisir à tourner ce film, pour preuve le bonus du DVD qui présente un enchaînement de scènes alternatives sous forme de court-métrage: comme si le réalisateur avait fait des tentatives de réécritures, se donnant les moyens de choisir quelle piste emprunter, et prenant surtout son pied à tourner des scènes de thriller glauque proche de Millénium ou Prisoners.

Doté d'une certaine esthétique, le film se laisse regarder, mais le genre étant mal défini et la fin assez pauvre, il laisse malgré tout un goût d'inachevé, dommage.