Le Chat botté
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Le Chat botté

Long-métrage d'animation de Kimio Yabuki (1969)

Contrairement à ce qu'on imagine, Disney est loin d'avoir adapté tous les contes existants.

Parmi ceux qui n'ont pas eu droit à une adaptation par la Compagnie de la souris aux grandes oreilles se trouve celui-ci.

Le Chat botté: un conte de Charles Perrault racontant l'histoire d'un chat qui permets à un jeune garçon sans le sou d'obtenir tout ce qu'il veut grâce à de nombreux mensonges: à savoir épouser une Princesse après que son chat l'ait fait passé pour un marquis, payé des paysans pour que ces derniers participent au mensonge et dévoré un géant en le poussant à se transformer souris; permettant ainsi au garçon de s'emparer de son château pour "prouver" que le jeune garçon est bel et bien le noble qu'il prétend être afin d'être digne de la Princesse en question.

Après toutes ces péripéties, le conte se termine par les morales suivantes

Quelque soit l'avantage de jouir d'un riche héritage venant à nous de père en fils, aux jeunes gens pour l'ordinaire, l'industrie et le savoir-faire valent mieux que des biens acquis.

et...

Si le fils d'un meunier avec tant de vitesse gagne le coeur d'une Princesse et s'en fait regarder avec des yeux mourants, c'est que l'habit, la mine et la jeunesse pour inspirer de la tendresse n'en sont pas des moyens toujours indifférents.

N'avez-vous pas l'impression que quelque chose ne va pas?

En effet, quand on regarde Le Chat botté de plus près, on se rend compte que le personnage éponyme s'est cassé le c** à obtenir des récompenses dont il ne jouit pas celles-ci allant au jeune garçon devenu Prince. Prince ne s'étant pas bougé le petit doigt durant toute l'histoire sans compter le fait que ce dernier a droit au bonheur uniquement via des mensonges. Mensonges parmi lesquels un d'entre eux a provoqué la mort d'un géant alors que celui-ci n'avait rien à se reprocher.

Si, dans le passé, on voyait Le Chat botté comme un conte mettant en valeur l'intelligence, aujourd'hui, cette histoire nous paraît discutable car nous considérons que l'habit ne fait pas le moine, que bien mal acquis ne profite jamais, que se faire passer pour ce que nous sommes pas nous fait plus de mal de que bien et que trop de mensonges peuvent amener de graves conséquences.

Propos illustrés par le moyen-métrage russe de 1995 adaptant Le Chat botté de Garri Bardine. En effet, cette adaptation montre le personnage éponyme renvoyer le jeune garçon à son existence de personne sans le sou après que ce dernier l'ait traité comme un malpropre une fois devenu Prince. Ainsi, on se retrouve avec une nouvelle morale disant qu'il ne faut pas être ingrat envers ceux qui nous ont rendu service et toujours leur être reconnaissant.

Mais vingt-six ans plus tôt, le film d'animation japonais Le Chat botté de Toei Animation avait également rendue l'histoire plus morale.

En effet, pensant que le jeune public s'identifierait plus au protagoniste humain qu'à son chat, Le réalisateur, Kimio Yabuki, crée un jeune garçon moral nommé Pierre maltraité telle une Cendrillon par sa méchante fratrie; et n'approuvant pas les mensonges du chat (nommé Pero dans cette version [Ouah! Clin d'oeil subtil!]) que celui-ci lui impose malgré lui. De plus, la plupart des mensonges de Pero provoquent des catastrophes que Pierre doit réparer tantôt par le courage, tantôt par la vérité.

Comme par exemple, dire à la Princesse qui il est vraiment et ne se faisant plus passer pour ce qu'il n'est pas.

De plus, après ceci, la Princesse dit qu'elle s'en fiche que Pierre soit marquis ou paysan parce qu'elle aime pour ce qu'il est et non pas pour sa classe sociale.

Et pour rendre la mort du géant plus légitime, celui-ci a été diabolisé au point d'avoir été nommé Lucifer et est devenu un sacré s***** voulant épouser la Princesse contre sa volonté...

...au point d'aller jusqu'à l'enlever pour y parvenir...

et menaçant de détruire le Royaume...

...et également de tuer l'homme qu'elle aime (à savoir Pierre)...

...si elle continue à lui dire "non".

Puisqu'on a commencé à parler des personnages, penchons-nous sur eux en détails. Autant ne pas le nier, Pero fait l'âme du film. Le personnage est montré comme quelqu'un aimant aider les autres même si cela le mets dans la m****...

...(en effet, contrairement au conte, le chat a un background et n'appartient pas à Pierre mais le rencontre par hasard durant une vie d'errance. Par la suite il lui vient en aide pour le sortir de son existence malheureuse tout en tentant d'échapper à son passé. En effet, Pero ayant vécu dans un monde de chats où il a refusé de manger une souris, il est sans cesse menacé par des chats voulant le tuer l'acte étant considéré comme immoral et illégal dans un pays de chats)...

...insolent, moqueur et fier de lui. De plus, il est devenu tellement populaire que Toei Animation en a fait sa mascotte. Chose intéressante, le personnage est doublé par Philippe Peythieu qui devint, par la suite, la voix officielle d'Homer Simpson.

En ce qui concerne Pierre (doublé par Christophe Lemoine qui devint la voix de Cartman des années plus tard), autant ne pas le nier, il n'est pas très intéressant. Son principal trait de caractère est d'être moral au point d'en devenir niais et est presque passif subissant les évènements du récit plutôt que de les vivre et ne prenant pas d'initiatives Pero les prenant pour lui...

...mais, toutefois, finissant par agir par lui-même après eu avoir eu assez des mensonges de Pero le mettant dans des situations insupportables voire dangereuses.

Quant à sa chère dulcinée, la Princesse Rosa (doublée par Séverine Morisot), ce n'est pas vraiment mieux. En effet, elle a un côté Princesse Peach un peu cruche...

...hurlant le nom de son amoureux quand celui-ci vient à sa rescousse après qu'elle ait été enlevée par Lucifer...

...et un côté blancheneireux à chanter son attente pour le Prince Charmant de manière TRÈS agaçante.

MAIS elle fait quand même des choses que ces dernières n'auraient jamais fait à savoir ôter le crâne magique de Lucifer de son cou, prendre le crâne quand il arrive à ses pieds et le garder dans ses mains tout en courant jusque en haut d'une tour en attendant que le soleil se lève (Lucifer étant vulnérable sans son crâne quand il fait jour, chose que Rosa a découvert toute seule et l'a dit à Pierre par la suite) alors qu'elle se fait poursuivre par Lucifer qui la menace. Ce qui montre quand même qu'elle est courageuse.

En plus, à la fin, Pierre et elle exposent ensemble le crâne au soleil afin de détruire Lucifer en équipe.

Quant à la romance des deux tourtereaux, elle est assez bancale Pero les forçant à se rencontrer pour contraindre Pierre à l'épouser afin de le sortir de sa condition de garçon sans le sou. De plus, le film utilise le cliché du "coup de foudre" avec Pierre tombant amoureux uniquement parce que Rosa est une jolie Princesse qui chante et elle s'entichant de lui "presque" à cause des mensonges de Pero bien que ce soit, surtout, la timidité du jeune garçon qui l'ait touché quand Pero est contraint de ne plus mentir pour aider Pierre.

En ce qui concerne les autres personnages, s'ils n'ont rien d'exceptionnel, ils sont plutôt amusants. En effet, parmi les adjuvants en dehors de Pero, il y a des souris sympathiques servant de personnages comiques donnant le sourire quand on regarde le film.

Du côté des opposants, il y a également d'autres personnages à savoir les trois chat poursuivant Pero afin de les punir de son "crime horrible" en épargnant une souris arrivant toujours aux moments inopportuns où Pero aide Pierre. Ce sont des méchants stupides également rigolos dans leur manière de tenter d'être épiques mais finissant toujours par être ridiculisés.

Il y a également les deux méchants frères de Pierre. Ceux-ci ont bien peu de personnalité et sont plus caricaturaux qu'autre chose bien qu'ils se montrent abusifs envers Pierre au point qu'on a envie de les baffer.

De plus, ils sont rapidement évincés de l'histoire en finissant par se prendre des coups au milieu du film sans réapparaître par la suite.

Quant au Roi (doublé Georges Berthomieu), père de Rosa, ce n'est qu'un personnage figurant présent uniquement pour être peureux, ridicule et, surtout, inutile dans l'histoire du début à la fin.

Et maintenant, passons à ce qui intéresse le plus dans les films destinés au jeune public: le méchant (doublé par Pascal Renwick)!

Lucifer est plutôt réussi. En effet, ce dernier parvient à alterner entre méchant comique et méchant menaçant en étant à la fois un minable détestable ainsi qu'une brute sans scrupule.

De plus, le fait qu'il ait des pouvoirs fait de lui une véritable menace à prendre au sérieux vu qu'ils lui permettent de se transformer en n'importe quoi ainsi que détruire tout ce qui se trouve à portée de main.

À cause de cela, les personnages ne peuvent lutter contre lui tantôt par la ruse, tantôt en le fuyant après l'avoir rendu vulnérable.

Mais si les personnages sont réussis ou acceptables, qu'en est-il du reste du film?

Visuellement, ce dernier est assez joli avec des couleurs ni trop ternes, ni trop flashy dessiné de manière lisse, ce qui le rend agréable à regarder. De plus, certaines séquences ayant été animées par Miyazaki lui-même, le film est plus beau que ce qu'on retrouve habituellement chez Toei Animation où les animations de leurs films sont parfois trop minimalistes pour être totalement appréciés par le public.

En ce qui concerne la musique composée par Seiichirō Uno, il y a du bon et du pas terrible.

En effet, si les passages instrumentaux sont plutôt appréciables...

...et assez intenses durant le climax...

...les chansons du film, elles, ne sont pas très agréables à l'oreille étant tantôt niaises, tantôt agaçantes.

En dehors de ceci, certaines scènes ne sont que du remplissage retardant l'histoire de manière frustrante au point que l'on se lasse de ces dernières et nous demandons si l'intrigue va avancer.

De plus, le film ne sait pas gérer son ton. En effet, on alterne constamment entre des passages comiques ressemblant plus à ceux d'une oeuvre parodique qu'autre chose et des passages avec des personnages parlant de manière réaliste dans une intrigue se prenant au sérieux au point qu'on a l'impression d'alterner constamment entre deux films n'ayant rien à voir l'un avec l'autre.

Toutefois, le climax épique ayant une allure de film et de cape d'épée rattrape légèrement ce déséquilibre en nous faisant une bataille finale assez réussie donnant le sourire du commencement à la fin de cette dernière.

Tout ça pour dire que c'est un film alternant entre défauts et qualités mais sympathique dans l'ensemble.

De plus, c'est la seule adaptation du conte Le Chat botté plutôt appréciable, en dehors du moyen-métrage russe pour les amateurs des oeuvres en motion-capture.

Et surtout, ce film remets en cause les morales douteuses du conte de base pour adapter l'histoire à un public plus contemporain pensant que trop mentir peut être dangereux et que se faire passer pour ce qu'on est pas auprès d'autrui fait du mal à nous-mêmes et à notre entourage.

Rien pour cette raison, on peut être content que ce film existe.

BlackBoomerang

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