Le Chat noir
5.2
Le Chat noir

Film de Lucio Fulci (1981)

Est-ce parce qu’il est globalement durement critiqué que j’ai apprécié ce Fulci plutôt mineur ? C’est possible. Toujours est-il que le résultat m’a paru cohérent, rythmé et efficace. Avant de s’embarquer pour les États-Unis, notamment pour L’Éventreur de New-York, et de terminer sa trilogie des Enfers, Lucio Fulci s’embarque pour la lande anglaise et livrer cette adaptation d’Edgar Allan Poe. Marchant très clairement dans les pas de la Hammer à qui il rend hommage, le réalisateur italien délaisse son côté gore pour privilégier l’atmosphère. Ruelles sombres, cimetière brumeux et crypte macabre forment ainsi une ambiance so british dont Fulci s’amuse parfois gratuitement. Cette atmosphère introduit agréablement quelques crimes téléphonés mais qui font leur effet (homme empalé dans des pieux, femme transformée en torche humaine puis défenestrée). Ces derniers rythment une intrigue un peu plate, laquelle est certainement un des défauts majeurs du film.


La relation entre le chat et son propriétaire de médium est, certes, tirée par les cheveux mais elle offre une variation du récit de Poe qui fonctionne parfaitement. En revanche, les motivations de Patrick Magee, qui incarne le médium, manquent de clarté. De la même façon que sa fâcheuse tendance à écouter sur les tombes ce que disent les morts. Si on y trouve peut-être la preuve que Fulci est alors dans sa période la plus macabre, cela n’apporte absolument rien au récit. Cette remarque ouvre aussi la brèche à considérer de nombreux éléments de l’histoire comme s’apparentant à du pur remplissage. La nouvelle de Poe étant peu riche en péripéties, Fulci tente de l’épaissir par la présence d’autres personnages, lesquels manquent de profondeur.


Ces quelques réserves étant posées, le film se suit très bien. Il ne faut pas en attendre une grande profondeur mais il y règne une agréable étrangeté et de belles fulgurances visuelles. S’il faut composer avec les habituels tics de langage de Fulci (notamment un abus des gros plans sur le regard des différents protagonistes), certains cadrages sont habiles et confortent le spectateur dans l’idée qu’il ne regarde pas le travail d’un simple artisan. Ce n’est certainement pas une œuvre importante du réalisateur italien qui ne parvient pas toujours à impliquer tout son monde dans cette entreprise mais le résultat vaut mieux que ce qu’on en dit.


6,5


Play-It-Again-Seb
7

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le 4 janv. 2024

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PIAS

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