Tueur... sans gages de réussite !

Une journaliste de la revue "Actua-Ciné" s'est amusée, à l'époque, à les compter : 18.
Si elle n'en a pas oublié un ou deux au passage - je n'ai pas vérifié - c'est là le nombre de cadavres qui jalonnent ce 3e long-métrage, au titre aussi court que percutant, de Robin Davis.
Après "Ce cher Victor" et "La guerre des polices", il restait ainsi fidèle au genre cinématographique l'ayant fait (re)connaître. Le policier, ou polar, en s'inspirant cette fois d'un roman écrit par un maître de la Série noire, Jean-Patrick Manchette.
Le scénario est on ne peut plus classique. Un professionnel du crime travaille pour l'Organisation, sans plus de précision. Au début du film, on le voit remplir un "contrat" : élimination de l'assistant d'un homme (peut-être un diplomate) dans un pays arabe. Dans son esprit, c'est le dernier. Il veut en effet changer de vie. De retour à Paris, il le fait savoir. En réponse : intimidations à peines voilées pour mieux le dissuader. Martin (Alain Delon) reste intraitable. D'ailleurs, il a tout prévu. Une amie (Stéphane Audran) chargée de gérer ses capitaux occultes vient d'acheter à son nom une ferme où l'on pratique l'élevage intensif de... dindons ! De plus, il dispose dans le coffre d'une banque d'une très grosse somme d'argent en espèces...
Mais il a sous-estimé l'Organisation. Celle-ci n'entend pas se séparer d'un élément aussi chevronné. A peine rentré chez lui, il se retrouve face à un autre tueur chargé de le ramener à la raison. Argument imparable : le canon d'un pistolet enfoncé dans la bouche - symbolique ô combien virile ! - de sa petite amie ! Ce tueur fait vite partie des 18 cadavres, mais Martin doit fuir. Son seul refuge : "sa" ferme.
Il y fait connaissance avec Claire (Catherine Deneuve, à contre-emploi franchement "cochonné" comme fermière !) et son mari (Philippe Léotard). Une aventure se noue entre Martin et Claire, mais elle s'inscrit rapidement dans une tourmente de violence...
Robin Davis ne pouvait qu'être persuadé d'avoir trouvé la Poule aux oeufs d'or : réunir pour la 1ère fois en tête d'affiche le couple Deneuve-Delon.
De... profundis !
Car, hélas, on est pas mal décu. Non pas que "Le Choc" soit un film désagréable à voir. Cascades, bagarres, sang et érotisme : tous les ingrédients, plutôt bien dosés, sont là. La mise en scène est efficace. Mais son tueur est loin de réunir tous les gages de réussite !
En fait, la déception s'attache au couple Delon-Deneuve lui-même. Le personnage qu'elle interprète fait pâle figure comparé à celui que venait de lui offrir François Truffaut dans "Le dernier métro". Quant à Alain Delon, les spectateurs pouvaient continuer à se répartir en deux camps. D'un côté, les inconditionnels pouvant à nouveau s'extasier devant le jeu froid, le regard vrillant et l'intonation de voix inimitable. De l'autre, ceux qui considèrent qu'il se bornait, de plus en plus, à camper le même personnage : le héros solitaire pur et dur. Tantôt d'un côté de la barrière de la légalité, tantôt de l'autre. Et ce qui était une incontestable révélation d'acteur dans "Le Samouraï" semblait n'être plus qu'un truc d'interprétation systématique.
Avec la menace d'un cruel "choc" pour Alain Delon : que le public, subitement, n'y croie plus !

Ticket_007
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le 29 juin 2021

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