La première fois que j'ai vu ce film, il m'avait bouleversé. Depuis, j'ai lu le livre de Styron, et c'est un chef-d'oeuvre, presque inadaptable tellement c'est dense et complexe. Et pourtant Pakula l'a fait. J'ai revu le film, en Blu-Ray cette fois, et en pouvant le comparer au livre, forcément, et j'avais un peu peur qu'il ne tienne plus la route. Bien au contraire, la réussite du film de Pakula m'a sauté aux yeux avec encore plus d'évidence. Le travail d'adaptation frôle la perfection, et pourtant condenser ces 900 pages d'une densité exceptionnel en 2h30 de film semble impossible sur la papier. Bien sûr, certaines choses sont omises, d'autres raccourcies, mais rien de bien gênant lorsqu'on considère le film dans son ensemble. J'ai généralement beaucoup de mal avec les fictions évoquant la Shoah - c'est le rejet en bloc -, le traitement de celle-ci est idéal, parfait, la distance est toujours la bonne, il n'y a aucune complaisance, ni aucune tentative d'humaniser la Bête. C'est suffisamment rare pour le noter. Je ne reviens pas sur la fantastique photographie d'Almendros, mais je veux parler ici du jeu de Meryl Streep. Elle offre ici une des plus grandes performances de tous les temps. Outre le background du personnage - je n'en dis pas plus ici si jamais certains n'ont pas vu le film -, il faut savoir que l'actrice joue une Polonaise immigrée depuis peu aux USA. Le personnage est censé parler couramment le polonais, l'allemand, assez bien le français, et très mal l'anglais, en tout cas avec un fort accent. Streep parvient à jouer ça à la perfection. C'est-à-dire qu'en la voyant, on est absolument persuadée que c'est une polonaise germanophile qui parle mal l'anglais, jamais on ne voit l'actrice, on ne voit que le personnage. Je ne sais pas comment elle a bossé ça, mais le résultat est époustouflant. Bon, et le film est le plus triste du monde. Qu'est-ce qu'on peut imaginer de plus horrible que le choix de Sophie ?
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le 13 sept. 2013

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