La famille Gauthier déménage : un aérodrome va remplacer la maison qu’ils habitaient. Pierre et Thérèse, les parents, sont tout de même invités à l’inauguration. Le mari est fasciné par l’aviation. Il avait mis sa passion de côté après la guerre, ou peut-être après la mort de Guynemer, pour lequel il avait été mécanicien. Mais la flamme ne s’était jamais vraiment éteinte. On a besoin de quelqu’un pour réparer un moteur, celle-ci va se raviver. Sa femme est plus dubitative. Cela va changer.
Grémillon filme l’amour et la passion d’un couple de gens ordinaires. Il faut voir la tendresse avec laquelle les deux époux se regardent. Il y a de la délicatesse dans cette façon de filmer ces scènes de la vie conjugale. Qui eût cru que réparer une voiture la nuit ou servir des cafés à l’aube pourraient être si exquis ? La poésie s’invite dans un quotidien monotone que l’aviation va bouleverser.
La passion et les obligations de la vie de famille ne font pas bon ménage. Un personnage nous le rappelle : « quand les choses tournent à la passion, elles font plus de tort que de bien ». Est-ce vraiment le cas ? Le couple va le découvrir. Ils ont besoin d’argent pour pouvoir décoller, le piano de leur fille est-il si nécessaire ? Voler n’est pas sans risques, est-on bien sûr d’atterrir ? Les reproches fusent, on ne les comprend pas. Eux ne pensent qu’à une chose : le ciel. Enfin un espace à la mesure de leur amour !
Ce film est un ravissement. Il est beau, plein de grâce et de bons sentiments mais ne tombe jamais dans la mièvrerie. Grémillon est un équilibriste.