Pas la bonne thérapie pour que Ventura arrête de fumer

"Le Clan des Siciliens" est un film que je peux voir et revoir sans me lasser. Comme tout le monde sait, c'est un film de Verneuil, réalisé en 1969, dont le scénario de Giovanni est tiré d'un roman de Le Breton ... que je n'ai pas lu !


Bien sûr, le truc à mettre en avant c'est la musique (de Morricone), avec le son particulier de la guimbarde, qui est inoubliable dès lors qu'on l'a écouté une fois et qui s'adapte parfaitement aux diverses scènes. Elle est tellement associée aux scènes ou aux personnages qu'on peut presque deviner le genre de scène à venir...


Mais ce n'est pas tellement ça que je trouve le plus réussi dans le film. C'est le mélange des genres ou plutôt les associations / oppositions de personnages "incompatibles"


Gabin face à Delon : Gabin dans le rôle d'un patriarche de la mafia sicilienne, basé à Paris mais en connexion avec sa famille basée à New York et probablement partout ailleurs, qui traite des affaires d'envergure mais sans prendre de risques excessifs. Les affaires ont plus ou moins pignon sur rue et roulent. Il n'a pas besoin d'être génial parce qu'il a la "famille" comme force de frappe. Face à un Delon qui est un solitaire. Lui, le personnage de Delon, il a besoin d'être génial. C'est lui qui amène l'affaire au vieux maffieux qui est impressionné par son savoir-faire et son astuce mais scandalisé et dédaigneux par son savoir-être.
D'ailleurs dans "mélodie en sous -sol", en 1963, on a le même couple et l'ordre des choses est à peu près le même sauf que ce n'est pas Delon qui amène l'affaire. Le personnage de Delon y est plus jeune, nettement plus dilettante. Par contre, il montre aussi du génie pour se mettre en situation tandis que le personnage de Gabin y est un truand classique.
Mais dans les deux cas, le personnage de Delon sera l'homme par qui le scandale arrive.


C'est comme les femmes dans "Le Clan des Siciliens" : les épouses d'origine sicilienne sont dociles, aimantes, fidèles et ne s'occupent jamais des affaires des hommes. Là, l'épouse d'un des fils du clan sicilien est française (Irina Demick). Elle est en opposition complète avec l'image des autres femmes et de ce fait est frustrée. La partie de fesses (on ne peut pas parler de romance et encore moins d'amour) ne fait qu'illustrer cette opposition entre les femmes et cette attirance morbide et intéressée entre Delon et Irina Demick.


En première approche, le film raconte l'histoire d'un braquage audacieux. En définitive, l'histoire devient une histoire de vengeance qu'on voit peu à peu monter en puissance. Un peu à la façon d'une tragédie (grecque) où tout roule chez les hommes sauf que le destin (les dieux jaloux) veille à placer un petit grain de sable pour contrer l'action. Ici, le grain de sable, c'est un gros ballon qui roule sur la plage.


De la même façon, le film raconte l'histoire d'un braquage minutieusement monté et qui avance son petit bonhomme de chemin pour lequel on imagine que les maffieux américanos-siciliens ont levé les obstacles, tranquillement et méthodiquement, les uns après les autres. En parallèle, l'enquête policière, menée par un Ventura en grand manque de nicotine et très désabusé malgré une équipe talentueuse aux multiples antennes et aux nombreux moyens, a toujours un métro de retard. Là aussi, l'opposition entre le personnage de Delon, goguenard, et le personnage du commissaire, tenace, dans le cabinet du Juge d'instruction semble donner raison au voyou.


Grand film policier de la belle époque des années 60 et d'Henri Verneuil qui n'hésitait pas à opposer des grosses pointures sur des rôles où les acteurs pouvaient développer leurs personnages sans pour autant tirer la couverture à soi.

JeanG55
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le 3 janv. 2022

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JeanG55

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