Le serpent et la fillette

C'est un film assez cru, malaisant mais aussi très élégant, il n'y avait pas besoin d'en voir plus et l'on sent que les scènes ont été tournés dans le respect sans pour autant que ce ne soit édulcoré. Il n'y a pas grand chose à dire sur la forme qui est sobre mais efficace et peut s'avérer aussi inspiré dans ses sortes de "climax" où la jeune fille commence à perdre pieds. J'ai aussi aimé le côté très lumineux du film, en totale paradoxe avec le ton, le soleil devient alors inquiétant mais il est aussi nécessaire car il met en lumière ce récit important. Après le film use peut être un peu trop de gros plans, sur Vanessa, sur le crâne luisant du pédophile, mais bon, je chipote. L'emprise qu'à l'écrivain sur Vanessa est plutôt bien retranscrit (même si la mise en scène aurait pu être plus subtiles encore une fois), les voix off sont là pour accentuer cet effet. Rouve qui joue Matzneff est assez crédible et le voir dans ce registre est assez perturbant mais cela fonctionne même s'il lui manque un peu de nuances, ce je ne sais quoi qui l'aurait rendu moins monolithique et monocorde à l'écran. Ici Matzneff est une sorte de prédateur froid, calculateur, narcissique obsédé, vicieux, et ç'aurait été encore plus fort de voir dans une scène ou deux ce type ridiculisé, ou de voir un peu plus ses failles, je ne sais pas, mais il manquait ce quelque chose pour le rendre pathétique et humain (c'est ce qu'il est malgré tout). J'imagine que le tournage a été éprouvant pour tout le monde, donc on peut pardonner.

Je n'ai cependant pas compris le personnage de la mère de Vanessa (et c'est peut être ça qui est fort ??) qui au début est parfaitement lucide sur la situation dans laquelle est plongée sa fille, qui a parfaitement compris qui était Matzneff et qui d'un coup, change son fusil d'épaule et laisse faire, jusqu'à consentir à cette liaison, alors que sa fille est en détresse...C'est assez décousu, on sent que la mère est instable, immature et Casta le joue bien mais il manque peut être une scène ou deux pour qu'on y croit vraiment et que ça impacte vraiment le récit;

Kim Higelin est impeccable, on croit totalement à son interprétation, bien qu'elle soit de 8 ans plus âgée que son personnage.

Le film est donc perfectible, mais il est suffisamment bien fait et interprété pour donner matière à cette histoire sordide qui met en relief la folie pas seulement d'un homme mais d'une société qui le flattait, l'entretenait.