Dixit Orson Welles himself ... "It is the worst of my films. There is nothing of me in that picture. I did it to prove I could put out a movie as well as anyone else."


C’est assez excitant de voir deux acteurs de cette trempe comme Orson Welles et Edward G. Robinson en têtes d'affiche d'un film, qui plus est lorsqu'il est réalisé par le premier des deux. Et si vous rajoutez Loretta Young au casting, ainsi qu’un scénario au concept intéressant, on peut dire que Le Criminel part sur de bonnes bases. Mais voilà, plus on avance dans l'histoire, plus l’intrigue parait alambiquée. De plus, la mise en scène d'Orson Welles est très (trop ?) sage ici et si sa performance d'acteur en tant que criminel de guerre nazi est assez effrayante, elle n'est par contre franchement pas très subtile. Et puis, au jeu des comparaisons, Alfred Hitchcock a fait mieux sur ce même thème (le mal caché dans une petite ville paisible des Etats-Unis) avec L'Ombre d'un doute.


L’histoire se déroule juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1946. Mr. Wilson (Edward G. Robinson) est à la tête de la Commission qui enquête pour le gouvernement américain sur les crimes de guerre. Il est à la recherche d’un criminel de guerre insaisissable nommé Franz Kindler (Orson Welles). C'est l'homme qui a planifier la solution finale pour les nazi. Mais voilà, il n’y a aucune preuve, ni aucune photo de lui. Pour retrouver Kindler, Wilson libère son second chez les nazi, en espérant qu'il les conduisent à lui. Il finit par retrouver Kindler qui se cache dans une petite ville du Connecticut, en tant que professeur nommé Charles Rankin. Wilson arrive le jour de son mariage avec Mary Longstreet (Loretta Young) la fille d’un juge de la Cour suprême.


Orson Welles et Edward G. Robinson jouent au petit jeu du chat et de la souris, le chat recherchant un ancien nazi qui se cache dans une paisible ville du Connecticut. Il est assez juste de souligner, comme d’autres l’ont déjà fait, que les dialogues laissent parfois à désirer, mais Orson Welles et Edward G. Robinson sont tellement à l'aise devant la caméra, qu'on oublie très vite la faiblesse des dialogues. En tant qu’acteur, Orson Welles est toujours convaincant, mais je pense qu’ici il fait un mauvais choix d'interprétation. Son jeu n'est pas assez ambigu et dés les premières scènes on sait qu'il est coupable. Et puis concernant Edward G. Robinson, c'est agréable de le voir jouer le "good guy" et pas l'antagoniste, pour changer.


C'est à Loretta Young qu'incombe le difficile rôle d'épouse de Kindler / Rankin et d'atout charme du film. Le scénario ne lui rend pas service non plus, en la faisant passer pour une femme crédule et parfaite victime compatissante. Dans le rôle du magasinier, Billy House se démarque tout particulièrement des autres rôles secondaires. C'est le principal atout comique du film et il délivre bon nombre de punchlines qui font mouche.


Le Criminel se classe clairement dans la catégorie films noirs. Orson Welles joue avec les angles de caméra (le fameux angle désaxé pour générer le malaise) et sur les jeux d'ombres. Si vous avez déjà vu la plupart de ses films, vous savez comment il opère dans sa mise en scène ... même si ici, sa mise en scène est en mode mineur. L’histoire est intéressante et d'un certains côté assez originale, en prenant appuie sur les évènements historiques du présent (la fuite des nazis après la guerre), mais légèrement trop prévisible (le film noir "pour les nuls"). L’aspect le plus inventif du scénario serait peut-être l’utilisation de la tour d’horloge, à la fois comme objet narratif (Kindler se passionne pour les horloges) et visuel (la scène finale), ainsi que symbolique (courir après le temps).


Le Criminel est un bon thriller et un film assez divertissant, tant que vous n’essayez pas de le comparer avec les autres films d'Orson Welles. Même s'il n'est pas parfait, je recommande ce film pour les fans d’Edward G. Robinson et d'Orson Welles ou même du genre film noir.

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le 3 août 2022

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lessthantod

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