Le Cuisinier, le Voleur, sa femme et son amant par blazcowicz
Je vais faire simple : ce film contient tout ce que j'aime dans le cinéma, et fut une énorme surprise. Je conçois que ça ne puisse pas plaire à tout le monde, mais entre deux films plus classiques ce fut une bonne claque. Déjà la technique est aisément une des meilleures que j'ai vues, de longs travellings d'une classe inouïe, une photo soignée, et surtout, surtout des décors tout simplement extraordinaires. Le film se déroule sur une sorte de scène de théâtre surdimensionné aux couleurs voyantes et riches, un régal pour l'oeil. On passe de la rue à la cuisine au hall et enfin à la salle de restaurant, dans un sens ou dans l'autre en déplacement latéraux traversant les cloisons, à la Wes Anderson.
Alors on pourra dire qu'il n'y a pas vraiment d'histoire, en effet la trame est quasiment résumée par le titre, mais qu'est-ce que cela peut bien faire quand la mise en scène et les dialogues sont aussi brillants ? Je ne connaissais que très peu Michael Gambon, mais il m'a littéralement bluffé du début à la fin, déclamant de longues tirades à la fois vulgaires et pas si idiotes que ça. Le mépris qu'il affiche des autres et son autosatisfaction sont jouissives, au même titre que l'infidélité de sa femme qui ne supporte plus ce mari grossier et suffisant.
De même la musique accompagne superbement la mise en scène, avec notamment un garçon à la voix pour le moins aigüe. C'est à peine si j'ai trouvé que le film s'étirait un peu la fin, mais j'étais fasciné et j'ai su immédiatement que ce ne serait pas mon dernier Greenaway. On aime ou on aime pas, mais il a le mérite de proposer un cinéma tel que l'on a rarement l'occasion d'en voir.