Le Deal par pierrick_D_

Radius,député et PDG d'une compagnie pétrolière,tue accidentellement sa jeune maîtresse.Un type qui photographiait les oiseaux immortalise la scène et le fait chanter,ce qui va entraîner une série d'évènements malencontreux pour l'élu de la nation qui s'enfoncera de plus en plus.Curieux destin que celui de ce film,d'abord diffusé à la télé sur la chaîne 13e Rue,avant de sortir en salles avec un insuccès phénoménal.C'est pourtant loin d'être ce que Jean-Pierre Mocky a fait de pire en cette période de vaches maigres.Au contraire,cette comédie policière décontractée à l'humour très noir se suit avec amusement et intérêt car Mocky,comme de coutume producteur,réalisateur et monteur,a écrit avec André Ruellan un scénario et des dialogues inventifs sachant mêler avec rigueur intrigue policière,drôlerie et constat social.Pour une fois,JP ne se prend pas pour Ken Loach et fait ce qu'il maîtrise le mieux,du polar insolent,décapant et humoristique.Ca ne marche pas à tous les coups,comme en témoigne le sinistre "Les insomniaques",mais ici les rebondissements bien trouvés s'enchaînent à un bon rythme et l'histoire n'est pas sans rappeler le film d'Alfred Hitchcock "Mais qui a tué Harry?".Les décès accidentels se multiplient autour d'un Radius maudit par le Destin et dont les manoeuvres pour se disculper foirent les unes après les autres.Mocky apparait subrepticement au détour d'une scène,comme le faisait Hitchcock dans tous ses films.Techniquement,ça tient à peu près le coup,l'esthétique téléfilm étant une constante dans le cinéma de l'auteur à cette époque.Ainsi qu'il le fera dans son film suivant,le regrettable "Le bénévole",il a tourné avec trois caméramen,Jean-Paul Sergent,Michel Cosma et Michel Gallois,le premier étant aussi directeur photo et le second assistant monteur,mais c'est plus réussi puisque "Le deal" est correctement cadré.D'autres fidèles du réalisateur pointent au générique,à l'instar de la maquilleuse Audrey Ursule ou surtout de Vladimir Cosma qui a pour l'occasion composé une musique apportant un contrepoint ironique à l'histoire.Mocky distille tout au long de sa narration ses traditionnelles marottes,les affairistes et les politiques pourris,prédateurs et lubriques,les curés pédophiles,les flics débraillés,les chômeurs victimes du Système et les combines de chacun pour se procurer du fric,mais il le fait adroitement,sans pesanteur,en parsemant l'histoire de séquences percutantes comme le repas des députés,le cours de masturbation féminine cachant une arnaque voyeuriste,les confessions de l'abbé excité par un enfant de choeur ou les diverses manigances de Radius pour s'assurer un alibi.Autre élément habituel,les tares physiques des personnages.Là,on a un commissaire qui a la moitié du visage recouvert d'un masque noir à la suite d'une blessure ou l'inspecteur dont la tête s'incline sur le côté.Un très bon trio de comédiens mène la danse,avec à sa tête un Jean-Claude Dreyfus prodigieux qui campe énergiquement un salaud cynique qui se démène pour sauver sa peau.Jackie Berroyer en flic tenace et Jean-François Stévenin en maître-chanteur naïf le secondent fort efficacement.Par contre,le premier rôle féminin est tenu par la catastrophique américaine Alison Arngrim,au parler incompréhensible et au rire insupportable,qu'on est étonné de retrouver ici vu qu'elle avait disparu des écrans depuis le temps où elle était une enfant star.En effet,il s'agit de la jeune Nellie Oleson dans "La petite maison dans la prairie".Les autres protagonistes ont les traits des familiers de la troupe Mocky,les Jean Abeillé,Freddy Bournane,Christian Chauvaud,Jean-Pierre Clami,Noël Simsolo,Michel Stobac ou Dominique Zardi.Il y a également Patricia Barzyk,la meuf de JPM,sa fille Sarah Barzyk et Samantha Benoît,moins exaspérante que dans "Le bénévole",ainsi que l'étrange et excellente Catherine Lys,la vénéneuse belle-mère de "23 French Street".Et puis il y a la surprenante présence de Renaud,qui apparait à intervalles réguliers pour chanter,en s'accompagnant à l'orgue de barbarie,"La ballade de Radius",dont la musique est de Cosma et les paroles de Ruellan,qui commente ironiquement l'action.