Disparu en 2015, Sergio Sollima regrettait d'être considéré au fond comme une sorte de sous-Sergio Leone, la faute sans doute à une carrière plus cabossée. Aujourd'hui, le temps a fait son œuvre, et le réalisateur est désormais classé parmi les grands du cinéma italien : Colorado, La cité de la violence, La poursuite implacable, et cette très bonne découverte qu'est Le dernier face à face.
Gian Maria Volonté joue un professeur qui ne peut plus assurer ses cours en Nouvelle-Angleterre ; il s'en va dans un lieu plus propice. En chemin, il va rencontrer un bandit blessé, Tomas Milian, et de cette curieuse collaboration, deux antagonismes, le doux professeur va se laisser séduire par la vie de brute, et rejoindre le bandit dans une vie de hors-la-loi.
Ce qui est intéressant dans le film, outre ses qualités formelles évidentes, c'est le basculement moral d'un homme, en l'occurrence le très bon Volonté, qui passer du côté obscur, jusqu'au point de retour.
Dans le genre westernien, Sollima parle de l’ambiguïté qui est en chacun de nous, avec des acteurs vraiment excellents ; même si je ne suis pas tellement d'accord sur la perruque de Tomas Milian, avec sa frange. Mais il y a quelque de tragique qui plane sur le film, aussi bien dans les relations avec les femmes qu'avec la superbe musique signée d'Ennio Morricone.
A ce titre, le déchainement de violence dans le dernier tiers fait toujours son effet, et semble prédire avec quelques temps d'avance ce que Sam Peckinpah fera avec La horde sauvage qui, entre parenthèses, est le nom du gang dans lequel vont être Tomas Milian et Gian Maria Volonté.
Ce qui fait que Le dernier face à face est un très bon film, et donne envie de creuser encore dans la filmographie de Sergio Sollima.