Philosophique et rugueux, Le dernier face à face est un western spaghetti qui a tout pour lui. Deux acteurs emblématiques des seventies italiennes, une écriture subtile qui trouve sa puissance sur la durée, Morricone aux manettes d’une bande son réussie et cerise sur le gâteau, une mise en scène aux petits oignons portée par une photographie délicieuse.
Beaucoup de superlatifs amplement mérités tant le spectacle est total, tant la puissance thématique du film fait frissonner en fin de métrage, lorsque Sollima règle définitivement ses comptes avec la nature humaine et tous ceux qui ont la prétention de la cerner. Son arme principale, le personnage de Gian Maria Volonté qui, pour combattre l’idée qui veut qu’un homme est foncièrement bon ou mauvais, mute d’un professeur altruiste en machine à dézinguer de l’innocent dans la plus pure tradition du gangster sans foi ni loi des westerns crépusculaires. Certes, en 1h40 de temps, la transformation paraît parfois un peu précipitée, mais le résultat de ce parti pris est d’une efficacité redoutable. Lorsque l’homme prouve qu’il a définitivement succombé à l’appel du pouvoir, que le destin le rappelle à l’ordre alors qu’un soleil au zénith fait bruler le sable pour accompagner le dernier face à face promis dans le titre, la tension est à son comble.
Fort de ses dialogues savoureux, de séquences marquantes et des gimmicks un peu machistes du cinéma bis italien de cette période – Volonté devient vraiment un vrai mec quand il s’attribue de force la compagnie d’une jeune femme -, Le dernier face à face est à mon sens une référence du western spaghetti qui n’a aucunement à rougir devant les pièces maîtresses du genre, bien au contraire. Son sujet universel, traité avec intelligence, en fait un film à part, un divertissement superbement gaulé qui n’oublie pas qu’avant de livrer la poudre pour délivrer un bodycount généreux, il faut une histoire solide et des personnages denses.