Voilà 20 ans que je n'avais pas vu un film de type "naturaliste" de JJA, après le choc de l'Ours et le plaisir ébahi d'un enfant voulant être paléontologue avec la Guerre du Feu, j'ai retrouvé par nostalgie ce que j'avais aimé enfant. Le scénario est très classique : deux jeunes chinois de la ville viennent "éduquer" selon les préceptes du socialisme maoïste des bergers mongols, ils se confronteront très vite à la dure réalité de la vie dans la nature et de la plus vieille peur de l'Homme : le loup.
Je n'ai pas la prétention d'être un spécialiste du cinéma, il faudra donc apprécier cette critique en ce sens... Ainsi, en tant qu'amateur, je n'ai pas compris ce que l'on reproche à ce film sachant que beaucoup de personnes sont trop conciliantes avec d'autres réalisateurs.


Les décors naturels sont magnifiques, JJA sait filmer la nature et il prend sont temps. Oui c'est lent mais lorsque l'on admire la nature, on n'y consacre pas un coup d’œil. Je n'ai pas vu non plus d'incohérence/anachronismes quand au traitement de la Chine/Mongolie de l'époque, comme pour Stalingrad, JJA s'est certainement beaucoup documenté sur cette époque charnière de la Chine moderne.
On pourra reprocher certains effets de style numériques parfois raté, mais ils restent assez discret et apportent parfois un côté mystique.
James Horner reste fidèle à lui-même, il nous offre une BO de qualité et comme à son habitude très inspirée du contexte (nature/chine). Un peu discrète parfois, on reconnait néanmoins un thème récurrent.
Les acteurs s'en sortent plutôt bien compte tenu du contexte difficile en décor naturel du tournage et arrivent à faire passer des émotions (Chen Zhen et le vieux chef des bergers).
Pour conclure uniquement sur le film : j'ai beaucoup aimé. Il y a tout les éléments d'un film d'aventure : le contexte historique, de l'action, de beau décors... que demander de plus.


Je passe à la partie plus sensible et un peu à part (petit coup de gueule en fait). Je pense que JJA est sous-estimé, notamment pas le public français et que c'est pour cela qu'il multiplie les co-productions étrangères. Je n'ai pas vu toute sa filmographie, mais jusqu'à présent, je n'ai jamais été déçu. Oui, il y a des longueurs (ici, Stalingrad, l'Ours etc.) qui alterne avec de l'action violente mais c'est son style. Oui, le scénario est simpliste et les personnages peu complexes (en apparence, seul leur situation initiale est connue), mais c'est pour mieux les approfondir face aux évènement : ils grandissent avec l'histoire. Oui il est violent avec les animaux, mais la nature est cruelle et c'est pour la démarquer de de la violence de l'homme (plus enclin à faire le mal car plus simple).


Il y a aussi le contexte à aborder : faire un film critiquant le régime de mao, après 7 Ans au Tibet et à partir d'un livre décrié par le régime chinois est osé. Il faut savoir que malgré les évolutions, il subsiste un tabou concernant la révolution culturelle. Sachant qu'il s'agit en partie d'un film chinois, j'ai même été étonné que la critique soit aussi visible dans le film : "brigade de production" pour des bergers nomades , le commissaire politique, l'agriculture forcée dans sol impropre à cela, l'extermination systématique de l'écosystème etc...


Je pense aussi qu'une partie du cinéma français (au vue des critique) ne comprend pas ce film pour un aspect purement culturel. Intéressé récemment par le cinéma "asiatique" (Japon, Corée, Chine entre autre), j'ai retrouvé dans ce film ce qui typiquement le caractérise par le jeu des acteurs, le côté philosophique / métaphorique dans les dialogues et les mises en situations sans mettre vraiment la main dessus (je n'ai pas l'expertise : je ne suis qu'un amateur du 7e art).
On peut reprocher ce que l'on veut à JJA mais, à la manière d'un Besson (et d'un certaine manière au fantasmagorique Jeunet), il tente de sortir de la torpeur un cinéma français moribond et ennuyeux. Entre des comédies pouet-pouet (Ontoniente etc.) et du dramatico-socialo-anti[insérer ce que vous voulez]-moralisateur-malsain (Audiard, Truffaud, Cannet etc.) bref la nouvelle vague, le cinéma français est clairement inintéressant, ennuyeux, scérolsé et fainéant. Et j'ose même dire qu'il ne m'intéresse plus et le boycotte (syndrome Bronzé 3, Bienvenue chez les Ch'ti, Intouchables) .


JJA est un amoureux de la nature et un humaniste : ce film le montre clairement par son propos et sa morale... je vous laisse la découvrir par vous-même.

SanchodeCuba
8
Écrit par

Créée

le 21 juil. 2016

Critique lue 334 fois

2 j'aime

3 commentaires

SanchodeCuba

Écrit par

Critique lue 334 fois

2
3

D'autres avis sur Le Dernier Loup

Le Dernier Loup
Behind_the_Mask
7

Loup, y es-tu ?

Nous avions laissé Jean-Jacques Annaud sur un effarant ratage de sinistre mémoire (Sa Majesté Minor) et un film qui le remettait en selle de fort belle manière (Or Noir). Son dernier opus voit un des...

le 3 mars 2015

23 j'aime

4

Le Dernier Loup
Brikabrok
5

Sauvez Wilzy-X

Bon, il était temps de se remettre à gratter des critiques (oui, il y avait écrit 2011 à côté de la dernière critique, et ça commençait à me piquer les yeux sévèrement). J'ai fini par digérer High...

le 27 févr. 2015

16 j'aime

2

Le Dernier Loup
Flibustier_Grivois
2

Requiem pour un massacre de loups

J’attendais un spectacle familial visuellement éblouissant, attendrissant, épatant de virtuosité et émotionnellement fort. Je n’ai rien eu de tout ça. Pour le spectacle familial, on repassera et on...

le 17 mars 2015

14 j'aime

4

Du même critique

Inside
SanchodeCuba
9

Le JV intelligent à portée de tous

Inside est à mes yeux, le symbole même de ce que doit être, à la manière du premier Mario Bros., un jeux vidéo accessible. J'ai fait ce jeu avec une personne qui n'est pas très porté jeux vidéos en...

le 9 oct. 2016

1 j'aime

Vice-versa
SanchodeCuba
9

L'art de grandir

Pour commencer, il faut savoir que je ne regarde plus beaucoup les long-métrages pour enfants (Ai-je perdu mon âme d'enfant ?). Néanmoins, le nombre de critiques positives et l'approche du film ont...

le 4 févr. 2016