Ainsi donc Le déserteur est une fable allégorique qui se voudrait odyssée poétique. Cela, ce sont les intentions. Elles sont assez claires d'ailleurs, contrairement au récit, beaucoup plus aléatoire, censé décrire l'errance d'un homme qui gagne sa vie dans les concours d'imitateurs de Chaplin, après avoir fui son pays, le Canada, pour son voisin du sud. Sur l'air de la guerre, c'est moche mais le capitalisme n'est pas beau non plus, le film laisse notre héros désorienté aux prises avec une humanité inhumaine au fil de rencontres qui se passent en général très mal. Les paysages américains, façon western, sont très beaux mais nulle émotion ne perce dans cette dérive aux visées très démonstratives qui se marient laborieusement avec des péripéties dont le but semble d'infliger le plus de sévices possibles au personnage principal, seule lumière dans ce sinistre théâtre d'ombres. Maxime Giroux, qui avait signé un très joli Félix et Meira, brouille les repères spatiaux et surtout temporels pour apparemment mieux parler de notre époque, ce qui est son droit, mais si c'est pour nous affirmer que l'homme est un loup pour l'homme, notamment en Amérique, merci à lui mais tout individu socialement intégré en a la démonstration chaque jour. La subtilité de ce Déserteur n'est pas vraiment sa qualité première avec par ailleurs des acteurs français dans les seconds rôles dont on se demande ce qu'ils sont venus faire dans cette galère. On plaint surtout Soko dont le rôle canin est assez dégradant. Moyennant quoi, elle disparait assez vite (comme le personnage vague incarné par Reda Kateb) sans que cela semble perturber le héros du film ou ses auteurs du susdit. Le spectateur, lui, hélas, n'en peut mais. Le cinéma auteurisant, quand il a cette prétention, peut vraiment être horripilant.

Cinephile-doux
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2019

Créée

le 23 août 2019

Critique lue 673 fois

7 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 673 fois

7

D'autres avis sur Le Déserteur

Le Déserteur
Cinephile-doux
4

Sévices compris

Ainsi donc Le déserteur est une fable allégorique qui se voudrait odyssée poétique. Cela, ce sont les intentions. Elles sont assez claires d'ailleurs, contrairement au récit, beaucoup plus aléatoire,...

le 23 août 2019

7 j'aime

Le Déserteur
AlexandreAgnes
7

L'angoissant sens caché derrière la perfection plastique

Dans un monde post-apocalyptique où la nature sauvage est restée somptueusement intacte, un saltimbanque fuit une guerre dont on ne sait rien, si ce n'est que l'Amérique du Nord y est férocement...

Par

le 2 juil. 2019

5 j'aime

2

Le Déserteur
MysteriosMadness
9

Hollywood, ou la Boite de Pandor

Un peu plus de quatre ans après le tendre Félix & Meira, voilà que Maxime Giroux revient en France avec un film situé à l’extrême opposé du précédent. Toujours accompagné par Martin Dubreuil, son...

le 24 août 2019

4 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13