Manu Ambrosini, petit contrebandier des Alpes entre France et Italie, reçoit pour client un homme qui veut passer à Ornano. C'est Claude Géraudy, un banquier escroc en cavale. La femme de ce dernier, Florence, fricote avec le commissaire Nansen (Meurisse), chargé de l'enquête. Elle ne serait pas franchement triste si Géraudy décidait de se suicider. Géraudy se pend dans un refuge, mais comme Florence risque de perdre l'assurance-vie si la mort de Géraudy est bien un suicide, elle assiste à la reconstitution et convainct les policiers locaux, des gens simples, qu'il ne peut en être ainsi (pas d'escabaud, et l'argent n'a pas été retrouvé). Elle trouve Manu, qui lui rend ce qu'il a trouvé sur le cadavre, sauf la lettre dans laquelle Géraudy explique pourquoi il a mis fin à ses jours.


Il la confie à Fine, la fille de l'aubergiste qui l'aime et n'aime pas voir Florence roucouler devant Manu. Nansen arrive, repère Fine, récupère la lettre, cachée dans un chat de porcelaine, énerve un peu Manu. Ce dernier va voir Florence, descendue à l'hôtel, qui joue la comédie de l'amour à cet être simple. Nansen les surprend et abat ses cartes. Il convainct Florence d'incriminer Manu. Sur la dénonciation de Florence, la police trouve la radio de Géraudy dans le buffet de Manu, qui est incarcéré. A l'interrogatoire, Fine ne retrouve plus la lettre qui pourrait innocenter Manu. Elle vient voir ce dernier en prison, lui glisse une lime. Manu fait irruption dans la chambre de Florence, qui lui avoue que Nansen a la lettre. Tout le monde poursuit Manu, On entre chez lui, il y a un mannequin pendu avec de la glace en-dessous : c'est sur un blog de glace fondu que Géraudy s'était pendu. Confondu, Nansen sort la lettre et fait mine d'avoir toujours su que Manu était innocent. Manu jète subrepticement les talons de chèque pouvant incriminer des hommes politiques dans le feu.


 C'est au fond un film noir, genre *La griffe du passé*, qui prendrait place dans un village alpin français. Meurisse de profil avec un imper beige et un chapeau noir, véritable Bogart français, et Madeleine Sologne joue le rôle d'une femme sophistiquée, avec une coiffure blonde à la Veronica Lake et un beret. ça va assez bien avec la thématique du film, qui oppose le couple corrompu et vénal et le couple simple, violent mais droit à sa manière. On retrouve la thématique de l'erreur judiciaire, qui semble assez présente chez Cayatte. Ha, et c'est fou comme René Blancart fait penser à un James Mason qui serait rigolard.
Aujourd'hui, le film frappe surtout par la rudesse du décor (ces meubles en bois dépoli, et surtout le matériel avec lequel se faisait la randonnée au sortir des années quarante, c'est-à-dire : rien. Les paysages alpins sont formidablement éclairés, à commencer par ce beau travelling d'ouverture sur des sommets enneigés.
On ne va pas se mentir pourtant, le film n'a pas très bien vieilli. Le jeu des acteurs est très "qualité française" : bagout, ton impertinent, mais la réalisation est assez statique. Ho, il y a quelques travellings fort bien découpés, mais dans l'ensemble ce n'est pas très dynamique. Les scènes d'intérieur chez Florence, au début, font vraiment très studio. Et la musique orchestrale, qui fait dans l'harmonie imitative, au violon et au hautbois, aujourd'hui, ça passe difficilement.
Le son est de qualité très inégale, parfois ça se voit que ça a été postsynchronisé (notamment pour Géraudy). Le dernier plan sur le chien perplexe devant le couple qui s'embrasse, c'est assez bizarre.
Parmi les petits aspects formels notables, le radioreporter truculent qui impose en quelque sorte une voix-off, mais intradiégétique.

Le dessous des cartes est un récit balzacien qui oppose des montagnards simples et des Parisiens corrompus dans un imbroglio judiciaire. Un peu vieillot, pas mal fichu, avec de jolis plans de montagne.

zardoz6704
6
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le 20 nov. 2017

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