Exercice d'hostile
Le premier quart d'heure est terrassant de puissance. La façon qu'à László Nemes de suivre Saul à hauteur d'épaule est aussi redoutable qu'efficace. D'abord parce que cela oblige le spectateur à...
Par
le 20 nov. 2015
68 j'aime
11
un film qui se targue de tout montrer, qui fait l'effort de tout reconstituer, mais où tout est flou, où tout est caché, où tout est un non-dit, où l'on entend les balles une fois que notre protagoniste a tourné le dos, un dos que l'on voit, sans cesse, rien que lui, au milieu de l'esthétisant brouillard, parce qu'on veut nous symboliser que lui non plus, il ne voit plus rien. mais qui sommes nous dans tout ça? spectateurs. voyeurs. embarqués. la caméra tremble. aux premières loges d'un "Auschwitz Inside". c'est comme si vous y étiez. sans y être, donc tout va bien. vous n'allez rien rater de notre petit parcours découverte. tous les temps forts du pire moment de l'espèce humaine sont là. la douche, les corps, les nazis, les fours, les cendres, la mort, la haine, les balles. laissez-vous porter. il y a même une histoire pour justifier tout ça. votre carotte à la fin du cours. apprendre en s'amusant. il n'y aura pas à être choqué, vous ne verrez que des masses, au loin. tout va bien. nous vous protégeons. errez un peu. comme ces third person shooter de pacotille dans leurs séquences "narratives", on traine dans des zones vagues derrière un avatar vide en entendant des bribes de phrases sorties par quelques NPC placés aléatoirement. on attend l'action. pas de souci, elle arrive. mais n'y faites pas attention, ce ne sont rien que d'impressionnants et interminables plans séquences chorégraphiés au millimètre et à l'image léchée. rien de trop m'as-tu vu n'est ce pas, sauf pour les cyniques. et avec juste un peu de suspense macabre. face à la fosse, notre héros est sauvé in extremis. on a eu chaud non? mais oh, non, pas d'art, pas de beauté, le sujet est grave, nous restons grave.
je suis sorti de ce film avec un goût étrange dans la bouche, un sale goût et ce goût n'avait rien à voir avec l'Histoire au grand h, mais avec ce morceau de cinéma dont je n'arrivais pas à savoir si l’obscénité était réelle ou fantasmée. je ne sais même pas si obscénité est le bon mot. les mots manquent, encore.
peu importe. je met 3/10 à ce film et je passe du côté des salauds. et en louchant un peu, moi aussi je pourrais garder le monde dans une anonyme palette informe de contours effacés.
"tu n'as rien vu à".
toujours.
Créée
le 20 oct. 2015
Critique lue 1.3K fois
19 j'aime
6 commentaires
D'autres avis sur Le Fils de Saul
Le premier quart d'heure est terrassant de puissance. La façon qu'à László Nemes de suivre Saul à hauteur d'épaule est aussi redoutable qu'efficace. D'abord parce que cela oblige le spectateur à...
Par
le 20 nov. 2015
68 j'aime
11
Je suis presque honteuse au moment de reconnaître qu’un film d’une telle force m’a laissée de marbre. Et cette culpabilité même rajoute à mon antipathie. Car si ce film sait par instants se montrer...
Par
le 4 nov. 2015
60 j'aime
11
Saul est un exploité dans le camp d'Auschwitz comme il en existe des centaines d'autres. Il dirige les juifs depuis les trains jusque dans les douches avant de récupérer les cadavres et les amener...
Par
le 13 nov. 2015
59 j'aime
18
Du même critique
Hmmmmmm. Plus le temps passe et moins je crois avoir aimé l'Anomalie. La faute sans aucun doute à une fin qui semble s'achever plus parce qu'il n'y avait plus rien à dire qu'autre chose, dans une...
Par
le 26 nov. 2020
93 j'aime
10
ceci est un message aux idiots. oui, vous, les abrutis là, c'est à vous que je cause. les habitués de l'adjectif prêt-à-l'emploi. les pourfendeurs qui colorient leurs crachats avec l'aide de...
Par
le 30 mai 2013
33 j'aime
6
si je vous dis ce que j'ai pensé de the beginner's guide, si je vous donne mes interprétations sur cette expérience, si je vous donne mon opinion, ma lecture, ma pensée, mon état d'esprit quand j'ai...
Par
le 3 oct. 2015
22 j'aime