Grâce à Senscritique et les multiples avant-premières auxquelles les membres peuvent espérer participer via un tirage au sort, j'ai pu voir le dernier film de Mamoru Hosoda. De lui, j'avais raté Les Enfants Loup, pas mal apprécié Summer Wars et dois avouer avoir un faible pour La Traversée du Temps (voyage dans le temps et amourette adolescente, on ne se refait pas) - je ne mets pas les films One Piece et Digimon dans le même panier. C'est donc avec enthousiasme et le ventre rempli d'un énorme Beef Burger Bacon - forcément, une séance à 19h30... - que je me dirigeai vers le Gaumont de la Porte Maillot !


Bakemono no Ko (L'Enfant de la Bête, pour une traduction plus littérale) narre la découverte d'un monde parallèle peuplé d'animaux anthropomorphes par un petit garçon "orphelin" de 9 ans à la tête dure qui finira par être élevé par une Bête-Ours, Kumatetsu (littéralement Ours Perçant) le prenant comme disciple car c'est la condition imposée pour qu'il puisse participer à un duel avec l'autre prétendant à la succession du Seigneur actuel.


Ce qui d'emblée saute aux yeux, c'est la forme : le charadesign est sympa avec des personnages principaux bien reconnaissables puisque chacun ou presque est d'une race animale différente (je parle uniquement de la petite dizaine de personnages principaux car sinon, ils sont interchangeables) mais ce sont surtout les décors qui sont absolument sublimes. Mêlant de belle façon dessins plus traditionnels, CGI et photos ou prises de vue réelles arrangées, Tôkyô (Shibuya pour être plus précis) est recréé de façon réaliste et complètement reconnaissable pour qui a déjà visité le fameux carrefour ! Le monde parallèle des Bêtes est quant à lui très typé Japon féodal avec geta, sabres, tenues traditionnelles et surtout les codes de comportement et d'honneur. Ce monde est un peu vu comme un monde idéal dans lequel les Humains sont sinon interdits au moins mal vus de par les Ténèbres qui peuvent habiter leur cœur. Mais pour en revenir aux dessins, disons simplement que beaucoup de passages se rapprochent techniquement d'un Makoto Shinkai.


Techniquement, c'est aussi l'animation qui est excellente. Qui dit duel dit combats et entraînements et il faut bien avouer que tous les mouvements sont criants de vérité (mention à l'introduction en images de synthèse), les combats sont dynamiques et percutants.


Par contre, le fond n'a encore une fois et tout comme Summer Wars, aucune originalité. Nous sommes en présence d'un shônen tout ce qu'il y a de plus banal. Hosoda prend les codes d'un anime de ce genre et, contrairement à un One Punch Man, les respecte scrupuleusement. C'est certes très efficace mais c'est vu et revu dans Dragon Ball, évidemment, mais aussi Kenshin le Vagabond et même Video Girl Aï


Je pense aux duels de combattants, aux oppositions de caractères, au dépassement de soi-même et la fusion des âmes entre Kumatetsu et Ren/Kyuta faisant furieusement penser au Kamehameha "Père-Fils" (DBZ), à la technique du battô (Kenshin) et au passage où Kyuta/Ren s'oblige à manger même s'il ne trouve pas ça bon (VGA).


Mais plus que les références, c'est tout simplement le fait que chaque événement soit téléphoné et prévisible longtemps à l'avance.


Honnêtement, quand on voit Ichirohiko pour la première fois, je n'ai pas compris pourquoi personne ne remarquait que c'était un humain alors que tout le monde le voit immédiatement pour Kyuta !


Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres sur les étrangetés scénaristiques.


Je comprends que Hosoda ait besoin que Iozen, le père d'Ichirohiko, perde pour déclencher sa fureur et qu'il se fasse engloutir par ses ténèbres mais c'est complètement illogique.


Et les quelques bonnes idées du film (la recherche du père et l'inversion des rôles entre maître et disciple) sont soit trop en filigrane soit à peine développées soit les deux. Quel dommage que le thème de la recherche du père ou de son image n'ait pas été plus développée entre les 2 figures paternelle et les relations avec Ren/Kyuta. Non, ici, c'est binaire : au début, on s'insulte et on s'engueule et à la séquence d'après, tout va bien.


Par contre, quand il s'agit d'agir à l'américaine et nous imposer des explications ou des rappels en flashbacks complètement évidentes et inutiles, là, on en a des tonnes. Et tout cela participe à une impression de longueur du film. Il fait environ 2h mais honnêtement, en sortant de la séance, je pensais qu'il avait duré 2h30 à cause de scènes trop longues pour certaines et d'autres passages pas assez développés. Ce rythme bancal m'a à certains points ennuyé.


Hosoda livre ici à nouveau une oeuvre distrayante et techniquement irréprochable mais cette forme époustouflante n'arrive pas à cacher un fond banal de shônen qui peut s'avérer intéressant pour un néophyte du genre. Mais en plus de ce manque d'originalité, Le Garçon et la Bête possède un rythme bancal à cause, entre autres, d'un changement de style voire de genre, passant d'une quête initiatique que l'on voit dans les shônen à des passages plus shôjo dans lesquels l'auteur se concentre sur les relations entre Kyuta et la jeune Kaede pour finir par revenir au shônen.
Il en résulte un film plaisant mais frustrant dans son manque d'ambition. Mais peut-être suis-je trop blasé et/ou j'en attendais trop.

sseb22
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016 et Les films que j'ai vus grâce à SensCritique

Créée

le 13 janv. 2016

Critique lue 691 fois

7 j'aime

11 commentaires

sseb22

Écrit par

Critique lue 691 fois

7
11

D'autres avis sur Le Garçon et la Bête

Le Garçon et la Bête
Sergent_Pepper
9

Les fils sans hommes

L’argument principal du Garçon et la Bête n’avait rien de surprenant, après la belle réflexion proposée par Les enfants loups : Hosoda approfondit le lien entre humains et animaux, les délaissant du...

le 17 janv. 2016

126 j'aime

15

Le Garçon et la Bête
DelSpooner
8

L’extraordinaire ordinaire

Fort de ses 4 millions d’entrées au Japon depuis sa sortie en Juillet 2015, le nouveau film signé Hosoda Mamoru a ouvert l’édition annuelle du festival Kinotayo. Celui que l’on présente comme «...

le 6 déc. 2015

55 j'aime

6

Le Garçon et la Bête
Behind_the_Mask
10

Combler le vide, montrer la voie

Ce qu'il y a de plus incroyable, dans Le Garçon et la Bête, c'est que Mamoru Hosoda déjoue absolument toutes les attentes. Il s'agissait à l'origine d'un simple récit initiatique d'un petit garçon...

le 22 avr. 2016

54 j'aime

11

Du même critique

Total Recall : Mémoires programmées
sseb22
6

Comment gâcher un vrai travail de fond

Ayant prévu d'aller voir le film, je me suis repassé l'original de 1990. J'ai d'ailleurs écrit sa critique Par conséquent, les différences et les ressemblances m'ont sauté au visage. Et je pense que...

le 16 août 2012

69 j'aime

21

Piège de cristal
sseb22
9

Die Hard de cristal

J'ai toujours été un fan de cette série (bon, surtout les premier et troisième :o). Je dois avouer que le film est marqué "années 80" (cigarette à l'aéroport, arme dans l'avion, les vêtements,...)...

le 23 nov. 2010

63 j'aime

13

La Vie des autres
sseb22
9

D'une justesse désarmante

Berlin Est, 1984. Georg Dreyman est dramaturge et vit avec son actrice principale, Crista-Maria. Officiellement, Georg est fidèle au Parti mais le ministre de la culture le fait quand même surveiller...

le 24 mai 2011

57 j'aime

5