Le Garçu, ce n'est pas Gérard. Mais son père absent du récit comme Pialat sera absent de la vie de son jeune fils Antoine dont il filme le quotidien (ses jeux, l'école, la famille) plus vrai que nature.
A la manière du peintre qu'il a été, et dont la femme a exposé les toiles après sa mort, Pialat croque des petits bouts de la vie de ce ménage qui se déchire, qui s'aime, s'est aimé et s'éloigne petit à petit inexorablement.
Gérard, odieux avec son épouse. Là aussi, difficile de ne pas y voir un reflet de la propre vie de l'acteur. Un acteur prodigieux mais une merde humainement. Dans Le Garçu, il ne sait pas aimer. C'est-à-dire, aimer son fils et aimer sa femme ou ses maîtresses. Il ne se rend pas compte du bonheur qu'il a. Il est incapable de se réjouir ou de se réjouir pour les autres (son pote Jeannot dont il se moque quand il bouffe ses tartines).
Si rien n'est construit dans Le Garçu, que la fin tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, il se regarde comme un vieil album de famille ou un film de vacances. Des morceaux de bonheur, de tristesse ou de tendresse joués par les comédiens avec un naturel désarmant.