L'exercice de style, peu banal, a sans doute nécessité une sacrée organisation pour assurer un tournage impliquant autant de monde. L'intérêt du film, c'est sa très large galerie de personnages, l'occasion pour Comencini de rassembler un paquet de personnalités en vogue à la fin des années 70. Certes, elles tiennent quasiment toutes des rôles relativement anecdotiques, mais voir dans le même film Alberto Sordi, Patrick Dewaere, Fernando Rey, et plus encore, Miou Miou et Depardieu jouer la femme infidèle et le cocu face à un Ugo Tognazzi qui cache bien son jeu n'a pas été sans me faire sourire à de nombreuses reprises.


Et puis Comencini oblige, tout cela n'est pas gratuit, le bonhomme continue de dépeindre la nature humaine à la fois dans sa banalité triste mais aussi dans ses pires travers. Même en étant familier de son écriture souvent radicale, je me suis fait avoir par un changement de tonalité vicelard dans le dernier acte qui m'a mis un genou à terre. Rien que pour ce passage, d'une noirceur sans nom, le film vaut le coup d'oeil, malgré ses imperfections. Dont je ne citerai que son rythme lancinant, qui se veut sans doute épouser l'immobilisme de tous les personnages, mais se révèle être usant sur la distance pour un spectateur qui comprend bien vite que toutes les bagnoles à l'arrêt ne repasseront jamais la seconde.


Quelques artifices permettent une respiration hors des véhicules, comme le truculent séjour de Mastronianni dans une modeste demeure bordant l'autoroute, lequel s'y fait retourner le cerveau par Stefania Sandrelli bien décidée à donner de sa personne contre un peu d'avancement pour son mari... Le dénouement de ce jeu de de séduction malsain est à l'image du film en plus d'en être une triste synthèse. Mastroianni est pour l'occasion chargé par Comencini de conclure le massacre en clamant haut et fort la pensée du cinéaste :« l'umanità fa schifo», soit l'humanité (me) dégoute dans la langue de Molière, le message a le mérite d'être clair. Et la démonstration est efficace, impossible de penser autre chose alors que les moteurs redémarrent enfin pour nous donner congé.


Pas un coup de coeur, son rythme chaotique m'ayant par moment laissé sur le côté, mais ce n'est pas loin, Le grand embouteillage interminable fut une découverte assurément marquante que je ne regrette absolument pas d'avoir faite.

oso
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le 7 janv. 2023

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le 7 janv. 2023

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