Oyez auditeurs de Radio France et lecteurs de magazines et de journaux bien-pensants, écoutez la parole divine de nos journalistes et critiques, foncez au cinéma, "Le grand soir est arrivé" ! C'est LE film de l'année !
Vous voulez de la conscience politique ? De l'anarchie ? Du cinéma décapant ? Allez admirer le duo d'acteurs qui a pulvérisé le protocole ouaté et feutré du dernier festival de Cannes, ils vont maintenant allumer leur dynamite dans les salles. On vous le dit, c'est le grand soir et LE chef d'oeuvre absolu qu'il ne faut rater sous aucun prétexte !
Bon, on se calme un peu. Ca, c'était le message subliminal qu'essayaient de nous faire passer quelques télés, les chaînes Radio France, partenaires du film (en même temps, elles ramaient pour nous fourguer le dernier auto-portrait plein de suffisance de BHL).
A trop promettre, les médias vont finir par perdre toute leur crédibilité (si ce n'est déjà fait) et torpiller bel et bien le film, parce que, finalement, après projection, j'attends toujours le grand soir...
L'idée sur le papier devait être enthousiasmante. Un duo de frères, interprété par Benoît Poelvoorde en punk à chien et Albert Dupontel en employé borderline, c'est tentant. Vous leur collez Areski et Brigitte Fontaine comme parents et on se gondole déjà. Mais si en plus, on les fait errer dans une zone commerciale minable en leur faisant proférer des sentences sur la consommation, la malbouffe, la vie de merde, on sent le film qui va déranger le bourgeois lecteur du Fig Mag (qui n'ira pas voir le film) et on applaudit par avance des deux mains.
Hélas, au sortit de la salle, la déception est grande. Si le duo d'acteurs principaux est crédible et même attachant, si les idées sont généreuses, si les concepts développés plus graves que franchement drôles sont effectivement présents pour sensibiliser le public au mal être de notre société, le film est assez raté, la faute à une mise en scène inexistante.
Nous assistons à une succession de scénettes. Chacune repose sur une idée sympa mais, filmée platement, souvent en plan fixe et un peu trop longuement. Le spectateur s'enfonce bien vite dans un ennui profond.
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