Je n'avais pas réussi à terminer le livre, le jugeant assez pédant et prétentieux, truffé de références savantes nuisant paradoxalement à la vérité des personnages, et je viens d'en voir l'adaptation : bon d'accord il ne restera pas dans les mémoires cinéphiles, mais il m'a permis une fois encore de me repaître d'une Josiane Balasko boudeuse et taiseuse, cheveu gras, oeil oblique et lèvres tombantes, une fausse méchante pour laquelle je confesse un faible certain.

Car elle est Renée, cette concierge hors normes, laide et revêche, bardée de piquants à l'extérieur, mais belle et raffinée à l'intérieur, amoureuse du beau, dévoreuse de livres, et de Tolstoï en particulier réincarné en la circonstance dans son gros matou qui a hérité du doux nom de Léon !
Alors quand la dame s'empare du personnage pour en faire une femme émouvante, prête à redécouvrir l'amour après 15 ans de veuvage et de solitude, moi je craque.

On l'aura compris, l'actrice "petite, laide et grassouillette" crève l'écran, sa rencontre avec Paloma, la jeune surdouée de famille bourgeoise aux idées suicidaires, est une belle rencontre, et la connivence qui lie ces deux êtres que tout sépare est immédiate.
De même il aura suffi d'un regard au nouveau propriétaire de l'immeuble, riche Japonais érudit et suprêmement cultivé, pour être séduit par la belle âme et la richesse intérieure de Renée.

Trois personnages qui se découvrent, se révèlent, se trouvent, trois êtres qui se cachent, chacun à leur façon, pour mieux vivre leur vie.
Une histoire pudique et touchante, débarrassée de ses affèteries littéraires et servie par des interprètes qui ne déchoient pas: outre Balasko, la petite Garance Le Guillermic est une fillette plutôt crédible et Togo Igawa, un Kakuro Ozu plein de délicatesse.
Une réalisation sympathique et sans prétention qui m'a distraite agréablement au sens premier du terme.
Aurea
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le 8 déc. 2011

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Aurea

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