Le hobbit de l'anneau

S'il faut avoir lu le livre pour estimer le film, alors je ne suis pas la bonne personne.
Je pense pour ma part que ce n'est pas une nécessité. On n'oblige pas les fans de Star Wars à se taper les romans, ni ceux de Dexter dont est pourtant tirée la série.

Avec le visionnage des 3 premiers films, on possède une bonne connaissance de l'univers de la Terre du Milieu. D'ailleurs, il vaut mieux les voir avant d'aborder cet épisode qui, bien que chronologiquement situé en amont de la trilogie du Seigneur des Anneaux, raconte et démêle des choses qu'on ne comprend pas parfaitement avant Le retour du roi.

En deux mots, la première partie du Hobbit (d'une future trilogie, qui raconte un seul livre, contre 3 films pour 3 livres précédemment) présente la bande de nains, accompagnés d'un hobbit et d'un mage qui partent récupérer leur antique cité minière, désormais protégée par un dragon.
C'est tout ? vous demandez-vous, l'air dubitatif... Et bien oui, c'est tout. Et le pire, c'est que cet épisode ne raconte vraiment rien de plus.

Jackson a cependant eu cette merveilleuse idée qu'est implanter une innovation technologique : le HFR (high frame rate). Au lieu des 24 images par secondes traditionnelles, le film défile à 48 images par seconde. Et ça change tout.
Oui, tout. Non, on n'a pas seulement l'impression d'assister à un making of, ou à un épisode de Marc et Sophie. C'est bien plus que ça. Le HFR compense, grâce à une netteté accrue, la perte de luminosité et de contraste que provoquent les lunettes 3D. Le filtre "film" disparaît et nous sommes projetés dans le monde de ces hobbits, nains, mages, dragons, orcs, géants, etc.
c'est magnifique, on dirait qu'on peut palper les substances magiques. Non, ça ne fait pas mal à la tête, non, ce n'est pas moche, non, le film ne défile pas de manière accélérée. Tout est fluide. Et c'est d'abord cet élément qui nous aide à plonger dans le long métrage, et qui nous y garde, alors même qu'on ne fait plus attention à cet artifice, si rapidement devenu naturel.

Mais le film, en lui-même, que vaut-il ?
Entre les nains incarnés par des non-nains, les chansons, les promenades qui n'ont d'autre but que nous faire découvrir un paysage (magnifique, l'office de tourisme de Nouvelle Zélande doit être le sponsor principal de Peter Jackson, à l'instar de la trilogie de l'anneau) mais vide, les dialogues pas forcément inspirés, les personnages pas forcément charismatiques ou même sympathiques, en dépit des loooooongues scènes de présentation qui leur sont consacrées, les passages clé qui semblent expédiés, l'absence de surprise, la dédramatisation de tous les événements par l'implantation d'un second degré maladroit, le constat n'est pas reluisant. De plus, la structure narrative, déjà pas bien épaisse, se paye le luxe de repomper celle de La communauté de l'anneau. Seul le monde nain, ses cités fantasmagoriques, avec ses joyaux, ses richessses et ses profondeurs abyssales attire, émoustille, séduit le spectateur blasé, trop âgé pour ce conte pour en fants un peu violent.

Oui, c'est beau, oui c'est plaisant, oui les scènes d'action sont époustouflantes. Mais c'est également long, poussif, lourd, chiant.