Visuellement paresseuse et moralement rebutante, cette succession de saynètes antipathiques rend la romance détestable, sous couvert d’observation de la nature humaine.


Le dernier long-métrage de Hong Sang-soo bénéficiait d’une complaisance incompréhensible de la part de la critique cannoise qui y voyait déjà sa prochaine Palme d’Or. Reparti bredouille, Le jour d’après observe placidement la confusion amoureuse rythmant le quotidien d’un cinquantenaire pris entre trois femmes. Cette critique ne pourra jamais traduire fidèlement la lassitude qu’est la nôtre face à ce genre irréductible en sélection cannoise : l’infidélité masculine représentée comme tourment, la lâcheté comme désespoir.


Une œuvre misanthrope donc, où l’épouse est faite harpie et la maîtresse affublée d’une naïveté désolante, quand le seul personnage féminin à faire preuve d’intelligence est justement celui qui s’émancipe de tout rapport amoureux avec notre anti-héros. Au dégoût s’ajoute la prétention, quand le noir et blanc ne sert aucun propos, la mise en scène consiste en quelques zooms désinvoltes et la bande son en une ritournelle sortie tout droit d’une enceinte de mauvaise qualité. Hong Sang-soo ne s’encombre pas d’artifices pour créer son œuvre, nous dira-t-on, mais lorsque la forme dessert le principe même de l’art jusqu’à en devenir désagréable, est-on en droit de réclamer quelques efforts ?


Hautain jusqu’au bout, Le jour d’après bâcle son seul parti-pris intéressant, cette temporalité nébuleuse reflétant les tergiversations de l’homme pour qui les femmes semblent décidément interchangeables. Le cinéaste effleure une réflexion sur la nature humaine et nous encourage à ne pas idéaliser nos héros dans une tentative désespérante de justifier le comportement de son protagoniste. De dialogues décousus en considérations philosophico-métaphysiques, Hong Sang-soo nous perd définitivement dans ce drame surjoué. Le même film en anglais et en couleurs aurait obtenu, pour sûr, des critiques moins bienveillantes.

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le 5 juin 2017

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