Le Jour le plus long par Kroakkroqgar
‘The Longest Day’ relate l’attaque des forces alliées pendant la journée du 6 juin 1944 : une longue journée, riche en évènement et aux conséquences immenses. De ce fait, ‘The Longest Day’ se devait d’être une grande fresque, riche et ambitieuse. Malheureusement, l’œuvre rate son objectif en se révélant à la fois trop longue, trop détaillée et trop compliquée.
Le récit a le bon goût de présenter une facette de la guerre qu’on n’imagine pas toujours : la préparation. Le choix de la date du débarquement, les aléas météorologiques, les communications codées, les consignes aux parachutistes, l’impatience des soldats : le film nous en apprend beaucoup sur la période d’incertitude avant l’attaque. En revanche, c’est du côté de commandement allemand que le film s’égare. Que les Allemands aient pu croire les Alliés incapable d’attaque à la fois le 6 juin et en Normandie est en soit une anecdote surprenante compte tenu de la tournure des évènements à suivre. Mais ‘The Longest Day’ insiste sur ce sujet jusqu’à devenir grossier et décrédibiliser les commandants allemands.
Le second gros défaut du film est de vouloir relater cette journée historique à tous les niveaux de commandement. L’œuvre offre ainsi le ressenti du QG, des colonels de différentes nationalités, des soldats de première ligne, des parachutistes, des résistants, des commandants allemands, des civils français. Ce qui apparaît d’abord comme plein de bonnes intentions (appuyé par des indications sur les personnages, les lieux et l’horaire) devient vite un fouillis dans lequel il est facile de se perdre. Du coup, on ne retient pas les noms des personnages récurrents, et on regrette de n’assister qu’à de brefs moments de leur vie.
C’est d’autant plus dommage que le film propose un casting phénoménal. John Wayne, Henry Fonda, Robert Mitchum pour ne citer qu’eux incarne les hommes qui mènent l’attaque historique. Mais les voir reléguer à des rôles finalement secondaires, puisqu’il n’y en a pas de réellement principaux, déçoit légèrement. Au moins, les réalisateurs ont la bonne idée de mettre en scène des acteurs de chaque nationalité. Seul point noir, Bourvil exaspère un peu en se cantonnant à son rôle habituel qui ne colle pas vraiment avec le reste de l’œuvre.
Toutefois, ‘The Longest Day’ est une réussite dans sa mise en scène de la guerre. Le film propose quelques plans séquences incroyables : le long travelling le long de Omaha Beach ou encore l’assaut dans Ouistreham sont mémorables. Rien que le nombre de figurants, leurs costumes et leurs implications sont phénoménales. Même la mise en scène des combats rapprochés est excellente, offrant son lot d’explosions et de morts, alors même que le film évite d’exposer la violence.
C’est plutôt dans la vision globale de la guerre que le film déçoit un peu. Plutôt que de s’attarder sur quelques anecdotes amusantes (le soldat allemand qui met ses bottes à l’envers, les américains qui ne comprennent pas les « Bitte » des allemands qui se rendent, les escouades qui se croisent dans l’obscurité), on aurait aimé que l’avancement de l’armée alliée soit plus clair. Les renseignements stratégiques sont finalement rares et on ne fait pas aisément le lien géographique et tactique entre chaque bataille.
La bande-originale s’avère plutôt discrète. Hormis, les tambours martiaux d’introduction, la cornemuse des troupes écossaises, et la musique final, l’essentiel se compose d’explosions, de détonations et de cris. Quant à la photographie, on ne regrettera que quelques incrustations légèrement grossières.
Un film de guerre un peu trop étalé, malgré des scènes de batailles inoubliables.