Le véganisme est une affaire de clowns !

Ce court-métrage est sorti il y a 5 ans et je l'avais vu à l'époque. Même sans ne rien connaitre en bases cinématographiques, je le trouvais nul. Aujourd'hui je le revois. C'est toujours aussi nul.

On va commencer par se dire que Maxime Ginolin a réalisé ce film pour son projet de fin d'études (il le dit dans son interview par Absol Vidéos. C'est comme ça que je l'ai redécouvert). Ca explique les moyens techniques du court-métrage : très belle qualité d'images, de décors, de costumes et de maquillage. C'est pas un court-métrage amateur qu'on pourrait trouver partout sur YouTube. Seulement, les moyens ne font pas le talent.

Le scénario est banal : Le procès d'un lobbyiste qui s'appelle M. Carniste (sérieusement ?) devant un juge et un avocat (joués par le même acteur, au passage) et en fait c'est une vidéo pro vegan !! Y a des vidéos de merde hyper agressives sur ce qu'il se passe dans le monde avec la nourriture et les animaux. Alors heureusement qu'on précise que ce sont les lobbys qui font ça et pas les petits agriculteurs campagnards sinon la mauvaise foi aurait grimpé un échelon de plus.

La réalisation est très convenue: on filme souvent le juge en contre-plongée face au lobbyiste pour montrer qu'il domine, que c'est lui, le végan, le plus fort. Et on fait aussi des gros plans sur le lobbyiste pour montrer qu'il a peur et qu'il se sent mal à l'aise (voir l'épisode 12 de Crossed sur Doom avec les changements de focale). Parfois on fait quelques plans demi-ensemble qui donnent l'impression que le lobbyiste est seul contre tous et que sa méchanceté l'a éloigné des autres humains et animaux qui se lient contre lui. Mais bon c'est le niveau 0 de la mise en scène, c'est propre, c'est tout. En même temps pour un étudiant en école de cinéma, heureusement que c'est "au moins" propre.

Le jeu d'acteur est tout simplement indigeste. Pourtant je n'ai jamais été difficile en matière de jeu (même si je déteste Jack Nicholson et Isabelle Huppert, par exemple), mais là c'est tellement forcé. Ils jouent TOUS mal. Mais chacun à leur façon. Le lobbyiste en fait des caisses comme un mauvais acteur de théâtre mais se retient un peu et le juge et l'avocat sont dans le clownesque. On dirait un hommage raté aux films de Rob Zombie et au Capitaine Spawlding. Et bien que je n'aime pas La Maison Des 1000 Morts en préférant beaucoup plus The Devil's Rejects, le côté clownesque et presque humoristique sur un sujet sérieux comme l'agro-alimentaire me révulse. En plus les 2 défenseurs ont une espèce d'accent allemand ou d'européen de l'Est et c'est extrêmement dérangeant. Ca donne un côté pas rassurant au juge et à l'avocat alors qu'ils sont censés être les bons, les gentils. Au final, on a presque de la pitié pour le lobbyiste. Et tout ça est renforcé par les maquillages, certes très bons dans le genre clown/black metal, qui donnent un côté "méchants masqués". Un juge, un avocat, un gentil (par extension), on est censé connaitre son identité, son vrai nom, son vrai visage, sa vraie personnalité pour comprendre que c'est un gentil. Ou alors s'il cache tout ça, c'est par peur d'être reconnu. Sauf que là, on a des hommes qui agissent presque dans l'ombre pour se battre contre un homme mis à nu parce qu'il a mal agit. Y a presque une inversion des rôles. Comme si on voulait finalement défendre le gros lobbyiste (qui cumule l'agro-alimentaire, le pétrole, la guerre, la politique et sûrement la pédophilie satanique. On était presque sur un bingo Hitlérien) et blâmer les activistes écolos . La fin vient encore plus agresser le spectateur. Petit problème de son entre l'arrivée de l'avocat et le gros plan sur sa bouche, mais c'est surtout encore le "défenseur" qui vient nous sauter à la gueule. Surtout qu'à ce moment-là il fait de bons regards caméras comme pour nous faire croire, à nous, spectateurs, que nous sommes comme l’activiste, que nous sommes aussi responsables que lui.

La musique vient, elle aussi, renforcer ce côté clown et grand guignol avec ses sonorités de cirques. Je m'y connais pas spécialement en musique mais je connais celles des cirques et le film a vraiment cet aspect cirque. En même temps, ça dénonce l'esclavage des animaux donc pourquoi pas, sauf qu'on ne s'amuse pas devant la plaidoirie du lobbyiste donc tout ceci n'a aucun sens.

Donc au final un film étudiant convenable mais qui, en soi, pue la propagande de bobo citadin qui utilise la voiture et internet et qui achète bio à Carrefour ou Franprix. Ca aurait dû rester dans le cercle scolaire parce que c'est scolaire mais ça n'aurait pas dû sortir de là.

Et puis les vegans sont cons. C'est tout.