Une bien mauvaise surprise que ce Lauréat. Un film considèré comme un grand classique. Un film faisant partie du top 100 des films américains. Autant vous dire que cette réputation me semble en grande partie usurpée. Il en va ainsi de certains classiques dont la renommée semble être portée par le vent d’un consensus mou se mêlant aux bruits lointains des bêlements de la cinéphilie ordinaire.


Je suis évidemment méchant à dessein tant j’ai trouvé ce film vaguement ennuyeux à l’image de son héros, sorte d’amibe diplomée, qui va entretenir une histoire d’amour (même si l’amour doit être géné qu’on puisse l’associer à cette triste pantomime vaudevillesque et légèrement caricaturale) d’abord avec la mère qu’il n’aime pas vraiment ( Le triste diplomé expliquant même au mari trompé que les échanges avec sa femme sont l’équivalent de la poignée de main… Le con… ), pour ensuite tomber éperdument amoureux de sa fille après une soirée. L’amour au premier regard étant à mon sens l’équivalent amoureux de la soupe minute sentimentale pour midinette pubère en mal de sensations fortes en plus d’être un cliché éculé . Même un film comme pretty woman est plus subtil que ça dans la mise en place des sentiments, c’est dire…


Le personnage principal est mou, mou et re-mou derrière. Heureusement la dernière demi-heure du film lui permet de sortir de sa coquille et de se prendre un peu en main, même si je reste sceptique sur la décision prise de demander la main d’une fille après si peu de temps. Heureusement qui se ressemble s’assemble, car le triste mollusque s’entiche d’une fille ayant à peu près toute la personnalité d’un bernard l’ermite. Elle va d’ailleurs accepter sa demande avant que ses parents la marie avec un autre type. Il faudra l’intervention du crustacé de mer ayant retrouvé sa virilité, enfillé une combinaison de superman et venant la chercher jusqu'à l’église pour que la pauvre chose se décide à le suivre tel un zombie décérébré de Roméro attiré par la chair fraiche (non sans avoir dit oui à l’autre type avant ??? Cherchez pas à comprendre).


Rajoutez à ça une BO directement vampirisée d’un album de Simon & Garfunkel o on vous retape 5 fois de suite the sound of silence et Mrs Robinson (chanson composée pour l’occasion).


Autant vous dire que j’ai trouvé ça plutôt nul dans l’ensemble. Mais heureusement, le film ne s’arrête pas a la cohorte de ses personnages mollassons. Il y a quelques moments de bravoure tout de même, essentiellement du à la réalisation de Mike Nichols. Le début est pas mal et la relation entre l’amibe jouée par Dustin Hoffman et ses parents (ou plutôt leur non relation) est plutôt bien sentie. La plupart des transitions du film sont super sympatoches (Lit/femme/matelas gonflable dans la piscine, ou les plans insert ventre/poitrine de la mère lorsqu’elle tend son piège pour la première fois au personnage principal). D’un autre coté, la plupart des transitions d’Highlander sont sympatoches et le cinéphile de base s’exclame rarement au génie concernant ce film. Il y a également la scène du bar à striptease, une ou deux à l’hotel et la dernière demi-heure du film que j’ai tout de même appréciée. La scène du mariage et du bus étant des scènes marquantes (très souvent détournées dans d’autres films d’ailleurs, preuve de leurs qualités) qui valent le coup d’être vues tout de même.
Il faut ajouter que tout le casting est excellent et particulièrement Dustin Hoffman en « rainman de l’amour ». J’entend déjà les gens hurlant au scandale quand à cette critique, me disant que je n’ai pas compris la quête de ce type pour se trouver lui-même, ce qui explique son apathie et au final son dynamisme de la dernière demi-heure. Ben si, j’ai bien compris, et voyez vous, ça m’a pas vraiment boulversé. Je peux comprendre le fait d’être perdu, de ne pas savoir quoi faire de sa vie,… ça me plait même bien ce genre de questionnement en général. Mais se poser des questions intelligentes doit-il forcément se solder par des réponses idiotes ?


Donc voilà! Hurlez à l’assassinat d’un classique et jetez moi des gros cailloux si ça vous chante. Je me materais bien un gros Michael Bay moi maintenant, ça ne pourra pas être aussi décevant que ce lauréat à qui je décerne la palme de la réputation usurpée.


PS: Au départ, je lui avais mis un petit 6, mais j'ai décidé de faire mon râleur vu les avis dythirambiques concernant ce film.

Samu-L
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Des réalisateurs qui comptent et L'amour avec un grand... écart.

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le 19 déc. 2012

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Samu-L

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